Lisbonne littéraire

LisboaC’est aujourd’hui le dernier volet de notre parcours lisboète, une ville palimpseste habitée par la littérature, que l’on feuillette comme un livre sur les traces de Pessoa, Camoes, Saramago ou Tabucchi. Je l’avais choisie pour ça, et je n’ai pas été déçue. A chaque coin de rue, on croise un auteur ou un souvenir de lecture…

Les maisons d’écrivains

Deux auteurs en particulier ont marqué la littérature portugaise et jouissent d’un lieu dédié à leur oeuvre : Fernando Pessoa bien sûr, et José Saramago, seul écrivain lusitanien a avoir été couronné par le Prix Nobel de Littérature.

La Fondation Saramago (Rua dos Bacalhoeiros 10) est absolument obligatoire : le premier que je surprends à aller à Lisbonne sans y passer aura affaire à moi. Plus sérieusement, c’est une merveille, qui regorge de photographies, de manuscrits, de carnets et agendas, de livres dans toutes les langues, on peut aussi y admirer la reconstitution du bureau de Saramago, et surtout : la médaille Nobel, devant laquelle je suis restée en contemplation un long moment (je ne suis pas prête à en revoir une d’aussi près avant longtemps). Sous l’olivier en face de la maison se trouvent les cendres de Saramago, ce qui en fait aussi un lieu de culte. Quant à la boutique, c’est un antre de la tentation, pleine de merveilles et d’idées cadeaux pour vos amis (surtout vos amis écrivains) : je me suis offert la reproduction du diplôme du Nobel et la reproduction des premières pages de Claraboia pour accrocher dans mon bureau.

La Casa Pessoa (R. Coelho da Rocha 16) est sise dans la dernière demeure de l’écrivain. Malheureusement, je trouve qu’elle a été un peu trop transformée, mais c’est néanmoins un lieu chargé d’émotions, et qui rend un bel hommage à l’auteur myrionyme : beaucoup d’outils numériques qui permettent d’admirer des photos ou de se plonger dans sa bibliothèque personnelle, un « rêvatoire » pour écouter des poèmes assis dans le noir dans un gros pouf, et la reconstitution de sa chambre, avec sa machine à écrire. La boutique est moins fournie, mais propose tout de même de très belles choses.

A noter que ces deux maisons d’écrivains ont un partenariat. L’entrée n’est pas chère à la base, mais en plus le ticket de l’une offre une réduction pour entrer dans l’autre !

Les lieux de culte

Lisbonne regorge de lieux en hommage aux grands auteurs. D’abord leurs tombes : on a vu celle de Saramago. Pour Camoes, il faut se rendre au Pantheon national ; quant à Pessoa, après avoir été enterré aux Prazeres (c’est là que Ricardo Reis lui rend visite dans le roman de Saramago) il a été transféré au monastère des hiéronymites : la stèle est absolument superbe, avec des citations de ses hétéronymes Ricardo Reis, Alvaro de Campos et Alberto Caero.

On pourra aussi rendre visite à la maison natale de Pessoa (largo São Carlos 4) ; plus généralement, on trouve un peu partout dans la ville des plaques indiquant des lieux qu’il aimait, assortis de citations (notamment au café Martinho da Arcada) ou des silhouettes pessoennes sur certains balcons…

Surtout, il y a les statues, qui ont ceci d’intéressant qu’elles sont toutes dans un périmètre très restreint autour du Chiado (lui-même un poète, qui a sa statue, mais je n’ai pas réussi à prendre de photo correcte et publiable) : nous venons d’en voir une devant la maison natale de Pessoa, mais la plus importante est celle, mythique, qui se trouve devant le café A Brasileira (R. Garrett 120) et avec laquelle tous les touristes aiment se prendre en photo. Non loin de là (allez… 20m), une statue très impressionnante de Luis de Camoes, sur la place du même nom. Et un peu plus bas, en descendant la rua do Alecrim, une autre statue, celle d’Eça de Quiroz !

Enfin, question pèlerinage, les amoureux de Pessoa aimeront sans doute faire un petit tour rua dos Douradores : c’est là que travaille Bernardo Soares dans Le Livre de l’Intranquillité

Les librairies

Terminons par là, même si j’en ai déjà dit un mot. Il ne faut évidemment pas manquer la Livraria Bertrandla plus vieille librairie du monde, Rua Garrett 73 (quasi en face de A Brasileira), très jolie librairie où on trouve de tout et pourvue d’un agréable café. Elle fut fréquentée par Pessoa lui-même. Un peu plus bas, autre très vieille librairie, dans la même famille depuis six générations, la Livraria Ferínrua Nova do Almada 72, où ses contemporains ont souvent pu croiser Eça de Queiroz. Quant à Ler Devagar, dans la LX Factory, elle est récente, mais fait partie, selon le NY Times, des 10 plus belles librairies du monde !

Voilà ! J’espère que cette petite série sur Lisbonne vous a plu, et vous a donné envie de visiter cette ville superbe ! Prochain périple : je sais a priori, mais je ne le dis pas encore !