Vivre la psychologie positive, de Martin Seligman : une science du bonheur

Au cours du dernier demi-siècle, la psychologie s’est surtout préoccupée d’un seul thème  — la maladie mentale  — ce qu’elle a fait assez efficacement. Les psychologues peuvent maintenant mesurer avec une grande précision des concepts auparavant flous tels que la dépression, la schizophrénie et l’alcoolisme. Nous connaissons aujourd’hui beaucoup de choses sur la façon dont ces troubles se développent au cours de la vie et sur leur origine génétique, leur biochimie et leurs causes psychologiques. Nous avons également appris comment soulager ces troubles. Selon mon dernier comptage, quatorze des principales maladies mentales peuvent être efficacement traitées (et deux d’entre elles soignées) avec des médicaments et des psychothérapies. […] L’heure est enfin venue d’une science qui cherche à comprendre les émotions positives, à construire et renforcer nos forces et nos vertus et à fournir des orientations pour découvrir ce qu’Aristote appelait la « vie bonne ».

A mesure que j’avance sur mes projets, l’Univers me sert sur un plateau ce dont j’ai besoin pour progresser, et c’est comme ça que je suis tombée sur la psychologie positive ; enfin je connaissais certains faits, mais sans m’y être penchée plus que ça, et là j’ai été un peu obligée vu les carambolages de signes. La psychologie positive, ce n’est pas la pensée positive (« je vais bien, tout va bien »), et ce n’est pas non plus des licornes à paillettes. C’est une science (au sens où ses résultats sont mesurés par des études) qui cherche à montrer comment on peut augmenter le niveau de bonheur. Si on reprend notre fameuse métaphore du bateau, là où la psychologie historique cherche à colmater les fuites et à faire que le bateau ne coule pas, la psychologie positive cherche à le faire avancer, ce qui est mieux. Je n’ai pas l’intention de reprendre des études pour devenir thérapeute, mais les outils et les bases de la psychologie positive, que l’on utilise dans le domaine du développement personnel, me semblent extrêmement importants. J’ai téléchargé nombre de ressources, mais je voulais un ouvrage de base, et j’ai choisi de manière somme toute logique celui du papa de la psychologie positive, Martin Seligman.

La question est donc : comment augmenter durablement son état de bonheur de base ? Partons de la « formule du bonheur » : Bonheur = Emotions + Circonstances + Valeurs ; les circonstances, on ne peut pas les contrôler, et d’ailleurs selon les chercheurs elles sont en fait très peu importantes, même si c’est contre-intuitif (à part l’amour, on y reviendra). La première partie est donc consacrée aux émotions positives, concernant le passé (la gratitude et le pardon), le futur (l’optimisme) et le présent (plaisirs et gratifications). La deuxième partie, elle est consacrée aux forces et aux vertus, que nous avons déjà vues dans un article précédent. Enfin, la troisième partie interroge ce que Seligman appelle « la vie bonne » : le travail et la satisfaction personnelle, l’amour (qui est le seul facteur extérieur contribuant réellement au bonheur), l’éducation des enfants et le sens de l’existence.

Un ouvrage extrêmement riche, nourri de faits précis, mais en même temps abordable, clair et souvent drôle : Seligman est un pédagogue né, et cet essai (où l’on trouve beaucoup de tests pour se mesurer) est une bonne base de travail sur la question (même si je ne suis pas complètement d’accord sur tout, notamment sur le pardon, mais je ne vais pas chipoter ici, ça serait trop long). L’idée à retenir, c’est que la recherche du bonheur n’est pas quelque chose d’égoïste ; d’abord parce que le bonheur est un facteur de longévité et de bonne santé, y compris au niveau cardiovasculaire et immunitaire (ah tiens donc priver les gens d’émotions positives tout en les gavant d’émotions négatives pendant des mois ça serait contreproductif dans l’idée de lutter contre un virus ?) ; un niveau de bonheur de base élevé permet plus de résilience et de capacité à affronter l’adversité ; mais surtout : les gens heureux sont plus ouverts, plus généreux, et participent davantage au bien-être collectif.

Si vous voulez en savoir plus sur la psychologie positive et comment augmenter votre niveau de bonheur, cet ouvrage est pour vous ; vous pouvez aussi jeter un œil à l’excellente conférence TedX de Seligman, qui est un bon résumé :

Vivre la psychologie positive
Martin SELIGMAN
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jacques Lecomte
InterEditions, 2011 (J’ai Lu, 2013)

S’appuyer sur ses forces

Continuons à explorer la métaphore du bateau, et après le gouvernail, la direction donnée à notre vie par nos valeurs, voyons aujourd’hui les voiles, c’est-à-dire nos forces de caractère. C’est en les utilisant bien, et donc en en ayant conscience, que l’on avance (oui parce que si vous avez une belle voilure mais que vous ne l’utilisez pas, le bateau reste là où il est).

Les forces, ce sont nos capacités préexistantes dans notre manière de penser, d’agir, de sentir, d’être au monde. Elles sont différentes des compétences, qui s’acquièrent grâce à l’entraînement et à l’expérience, mais aussi des talents, en ce que les forces suscitent un sentiment de joie, d’énergie, de vitalité et d’authenticité lorsqu’elles sont utilisées (alors qu’utiliser un talent peut ne nous procurer aucune joie)

Il existe 24 forces, qui se regroupent en 6 vertus : sagesse et connaissance, courage, tempérance, transcendance, humanité et amour, justice. Après selon la classification adoptée cela diffère un peu, et j’ai donc adopté la classification de Martin Seligman, le papa de la psychologie positive, dont nous reparlerons lundi. Cela donne donc quelque chose comme ça :

Ensuite, pour trouver vos forces de caractère, je vous conseille de faire le test de l’institute on character, c’est le test que tout le monde utilise et c’est parfaitement gratuit, il suffit de s’inscrire (et ils ne spamment pas votre boîte aux lettres ensuite). Après avoir répondu aux questions, vous allez obtenir un document qui classe toutes les forces dans l’ordre où elles sont présentes chez vous.

Par exemple chez moi, les 5 premières sont : l’émerveillement, la soif de connaissance, la créativité, la curiosité et l’intelligence sociale. On constate donc que ce sont des forces qui s’organisent dans la vertu « sagesse et connaissance », notamment si on utilise le classement de Seligman qui y met l’intelligence sociale (le test met cette force dans « humanité et amour »). D’ailleurs, mes 10 premières forces sont exclusivement dans les deux catégories « sagesse et connaissance » et « transcendance », et toutes les forces de la catégories sagesse sont présentes. Par contre la tempérance rien du tout, et l’amour n’est absolument pas une de mes forces, au contraire, mais par contre c’est une de mes valeurs essentielles : cela aboutit à ce que l’amour est un challenge pour moi.

Le problème dans la société actuelle, c’est que l’on veut mettre tout le monde dans le même moule, au lieu de permettre à chacun d’utiliser ses forces. L’autre problème, c’est qu’on a tendance à se focaliser sur les manques, les lacunes, au lieu de s’appuyer sur ses forces. Et de nombreux mal-être aujourd’hui, notamment au niveau professionnel, viennent de ce que les gens exercent des métiers qui non seulement ne sont pas toujours alignés avec leurs valeurs, mais en plus ne leur permettent pas d’exploiter leurs forces. Ce n’est pas tout à fait mon cas d’ailleurs (enfin sur certaines forces si), la transmission/enseignement n’était pas un mauvais choix au niveau des forces, c’est juste le contexte scolaire qui ne va pas, pour de nombreuses raisons (et notamment celle des valeurs), et mon entreprise aura (j’avais mis « a » mais c’est un peu tôt pour mettre au présent) bien un volet « formation ».

Mais enfin l’essentiel, pour être bien, pour être en accord avec soi, c’est de développer sa conscience de ses forces, et de créer un chemin pour les développer et les optimiser.

Alors, quelles sont vos forces ?