Quelle est votre zone de génie ?

La semaine dernière, dans sa newsletter, Géraldine s’est intéressée à la question de la zone de génie. J’ai trouvé la synchronicité amusante parce que, justement, j’avais exploré le sujet un peu plus tôt dans la semaine, et comme souvent les mots de Géraldine on suscité chez moi l’envie d’explorer davantage dans un article.

Dans son essai Le Grand saut, Gay Hendricks explique que toutes nos activités quotidiennes (et pas seulement nos activités professionnelles) peuvent se répartir en quatre zones :

La zone d’incompétence, c’est tout ce qu’on ne sait pas faire, qu’on s’obstine à faire mais sans y parvenir, ou en y parvenant de manière médiocre, que l’on n’aime pas faire, et qui nous prend beaucoup d’énergie. Lorsque l’on est entrepreneur, c’est tout ce qui est dans cette zone qu’il faudra songer à déléguer. Pour moi c’est clairement, comme pour beaucoup de créatifs, le champ terre à terre de l’administratif et de la comptabilité. Heureusement, il y en a peu.

La zone de compétence : on sait faire, grâce à nos études et à notre éducation, mais on n’y prend aucun plaisir, d’autres le font bien mieux que nous et on n’apporte aucune valeur ajoutée, comme on n’y prend pas de plaisir on le fait a minima et sans s’investir, et comme plus haut cela nous prend beaucoup d’énergie. Pour moi, c’est clairement mon travail alimentaire qui est dans cette zone.

La zone d’excellence, c’est lorsqu’on est bon dans ce qu’on fait, qu’on aime ça, mais cela nous vide de notre énergie. Pour le moment je n’ai pas grand chose dans cette zone, à part en bonne introvertie tout ce qui va impliquer des interactions sociales, mais je sais que certaines activités que je compte développer s’y situeront.

Et la fameuse zone de génie, c’est ce qu’on fait le mieux : on apporte une véritable valeur ajoutée (personne d’autre ne le ferait comme nous), on aime profondément ça, et le faire nous remplit d’énergie au lieu de nous en prendre. Pour moi, c’est tout ce qui va être de l’ordre de la créativité et de l’écriture.

Avant toute chose, il est important de connaître notre zone de génie. Géraldine suggère de demander à notre entourage, ce qui peut être un bon point de départ, mais selon moi notre entourage va avoir du mal, de l’extérieur, à différencier zone d’excellence et zone de génie : nous seul pouvons savoir si une activité nous remplit ou nous vide.

En revanche, il existe un outil de la psychologie positive qui peut nous aider à déterminer cette zone : ce sont les forces de caractère. Les forces, ce sont nos prédispositions naturelles, que nous utilisons sans effort et sans y penser, contrairement aux compétences (qui s’acquièrent) et aux talents, que l’on peut utiliser sans plaisir. Mes quatre forces de caractère principales sont la créativité, la soif de connaissances, l’émerveillement et la curiosité, que j’utilise pleinement lorsque j’écris. Je pense que les valeurs sont également très importantes dans l’identification de sa zone de génie : une activité en contradiction avec nos valeurs ne peut pas nous donner d’énergie, et a contrario, lorsque nos valeurs son respectées, cela nous nourrit.

Cela dit, je crois qu’il n’est pas nécessaire de vouloir à tout prix être toujours dans sa zone de génie, notamment lorsqu’il est question d’activité professionnelle : être dans sa zone d’excellence est déjà très bien, puisque nous faisons quelque chose qui nous plaît et pour laquelle nous apportons une valeur ajoutée réelle : le tout est de trouver un équilibre entre ce qui nous donne de l’énergie et nous en prend, afin de ne pas terminer complètement à plat.

Si vous voulez en savoir plus et travailler sur ces questions, outre les articles que j’ai mis en lien, L’Invitation à un voyage Introspectif, où nous creusons la question des forces mais aussi d’autres éléments de la métaphore du bateau qui peuvent vous aider, est idéale. Vous pouvez vous le procurer ici !

Lorsque la sécurité devient une prison

L’autre jour (enfin, l’autre nuit), j’ai rêvé que j’avais fait construire une panic room dans ma maison, et que je m’y enfermais parce que des individus louches essayaient d’entrer. Sauf que, étant un peu claustrophobe, et bien être enfermée dans la panic room, ça ne m’allait pas du tout du tout.

En me réveillant, je me suis dit que pour une fois, mon inconscient était clair, dans son message (en ce moment, il l’est assez rarement je ne sais pas pourquoi).

En fait, ce rêve m’a permis de mettre le doigt sur une tension, une incohérence même, qui fait qu’en ce moment je me sens comme l’âne de Buridan : coincée entre deux besoins vitaux contradictoires (en tout cas a priori) à assouvir, je n’arrive à en prioriser aucun, et je reste sur place. Notons que l’âne finit par mourir, à la fin, à force de ne pas parvenir à choisir.

D’un côté, il y a un besoin intense de sécurité. Là c’est plutôt mon inconscient qui décide, mais en tout cas il y a une part de moi qui reste viscéralement attachée à mon travail alimentaire qui bon an mal an, et c’est d’ailleurs son seul objectif, m’assure la sécurité financière. Seulement financière il faut être claire : lorsque j’y suis, je me sens constamment en danger et je suis dans une hypervigilance constante qui m’épuise, mais admettons que sur le plan financier, ça va. A peu près.

De l’autre, une soif de liberté : j’ai besoin de suivre mon rythme, de m’organiser comme je le veux et de faire les choses à ma manière, ce que ne me permet absolument pas mon travail alimentaire contrairement à ce que je pensais (j’imaginais, je crois, pouvoir concilier les deux).

Et je me demande s’il n’y a pas une part inconsciente de moi qui, crevant de trouille de perdre la sécurité financière, sabote tout ce que je fais pour gagner ma vie autrement afin que de toute façon, je ne risque pas de faire le choix de partir. L’autre part de moi étouffe, cette sécurité est devenue une prison, et je la soupçonne de me saboter financièrement pour montrer à l’autre que ahah, la sécurité financière, cette bonne blague avec ce que tu gagnes.

Je vous avoue que c’est un peu épuisant, tout ça. Je n’avais jusqu’à la semaine dernière pas clairement conscience de ce problème, même si le Tarot ne cessait de me mettre le deux de deniers sous le nez. Sauf qu’en avoir conscience ne m’aide pas tellement, pour le moment : je me sens toujours figée entre ces deux petits diablotins qui semblent agir malgré moi, l’un (sécurité) plus que l’autre parce que, tout compte fait, c’est bien à la liberté que j’aspire le plus.

Tout l’enjeu est donc de parvenir à réconcilier les deux, et de trouver un chemin où je serai enfin libre et en sécurité. Je ne sais pas si c’est possible !

Le sujet, c’est l’amour

Dans ma dernière Escale Poétique (si vous n’êtes pas encore abonné à cette infolettre, je vous encourage vraiment à le faire, il s’y passe des choses intéressantes et plus intimistes qu’ici), j’expliquais comment, suite à mon coup de mou habituel du mois de janvier, j’avais décidé de retravailler sur le bateau, avec l’Invitation à un voyage introspectif.

Après avoir fait le bilan de la situation actuelle à l’aide du questionnaire des 12 maisons astrologiques et du Tarot (bilan qui montrait tout de même beaucoup de blocages), j’avais entrepris de retravailler sur mes valeurs, et c’était une bonne idée car je me suis aperçu qu’elles avaient bougé. Pas fondamentalement changé, mais elles s’étaient réorganisées. C’est un processus normal : les valeurs, ce qui donne sa direction à notre vie, ne sont pas figées, et évoluent en même temps que nous, d’où l’importance de refaire régulièrement un point, ce que je n’avais pas fait (vous savez ce qu’on dit du cordonnier). Bref : sans être complètement à côté de la plaque, je n’étais plus complètement alignée avec mes valeurs, et surtout la première : l’amour.

Il faut dire que c’est très compliqué, pour moi. Dans un entretien, Brené Brown affirmait que notre sujet, c’est ce qui nous est le plus difficile, ce qui nous résiste le plus. Si c’était facile, il n’y aurait rien à dire. Et, c’est un fait : l’amour est mon sujet, et ça le sera jusqu’à mon dernier souffle. L’amour est le sujet de L’Aimante, l’amour est le sujet de Salomé et des Cinq leçons de Socrates Knight. Et bien sûr, l’amour est le sujet de Tout écrivain doit avoir le cœur brisé.

Ce qui donnait quelque chose d’assez curieux dans mon système : l’amour était une valeur essentielle (pas à la première position néanmoins, mais c’est le cas aujourd’hui), mais lorsque je faisais le test des Forces de caractère, il arrivait en 20e position (sur 24…). On comprend les difficultés. Or, les forces de caractère, ce sont nos capacités préexistantes de penser, d’agir, de sentir, et elles ne s’acquièrent pas par l’expérience ou l’entraînement, contrairement aux compétences. Les forces de caractère ne sont pas supposées bouger tant que cela, même si elles peuvent se développer davantage en en prenant conscience et en trouvant le chemin pour les optimiser. Mais enfin l’amour était 20e : difficile d’optimiser ce qui n’existe pas.

Et bien, figurez-vous que si : en refaisant le test, je me suis rendu compte que mes forces aussi, avaient changé. Le podium est toujours occupé par le trio émerveillement/soif d’apprendre/créativité, même si l’ordre a légèrement bougé. Mais la surprise vient des places 5 et 6 : l’authenticité, qui était en milieu de classement, fait une entrée remarquée à la cinquième place, et l’amour à la sixième.

Et je suis absolument convaincue d’une chose : ces forces étaient déjà là, mais elles étaient bloquées, je ne parvenais pas à y avoir accès et à les utiliser, même si c’était mon mouvement naturel : cela faisait donc comme si elles n’existaient pas, mais elles existaient bel et bien, il fallait simplement (enfin, simplement : on se comprend) les libérer et leur permettre de s’exprimer. Et je crois que c’est grâce à la grande magie de l’écriture que j’ai réussi ce… tour de force.

Bonne saint-Valentin à ceux qui la fêtent !

S’appuyer sur ses forces

Continuons à explorer la métaphore du bateau, et après le gouvernail, la direction donnée à notre vie par nos valeurs, voyons aujourd’hui les voiles, c’est-à-dire nos forces de caractère. C’est en les utilisant bien, et donc en en ayant conscience, que l’on avance (oui parce que si vous avez une belle voilure mais que vous ne l’utilisez pas, le bateau reste là où il est).

Les forces, ce sont nos capacités préexistantes dans notre manière de penser, d’agir, de sentir, d’être au monde. Elles sont différentes des compétences, qui s’acquièrent grâce à l’entraînement et à l’expérience, mais aussi des talents, en ce que les forces suscitent un sentiment de joie, d’énergie, de vitalité et d’authenticité lorsqu’elles sont utilisées (alors qu’utiliser un talent peut ne nous procurer aucune joie)

Il existe 24 forces, qui se regroupent en 6 vertus : sagesse et connaissance, courage, tempérance, transcendance, humanité et amour, justice. Après selon la classification adoptée cela diffère un peu, et j’ai donc adopté la classification de Martin Seligman, le papa de la psychologie positive, dont nous reparlerons lundi. Cela donne donc quelque chose comme ça :

Ensuite, pour trouver vos forces de caractère, je vous conseille de faire le test de l’institute on character, c’est le test que tout le monde utilise et c’est parfaitement gratuit, il suffit de s’inscrire (et ils ne spamment pas votre boîte aux lettres ensuite). Après avoir répondu aux questions, vous allez obtenir un document qui classe toutes les forces dans l’ordre où elles sont présentes chez vous.

Par exemple chez moi, les 5 premières sont : l’émerveillement, la soif de connaissance, la créativité, la curiosité et l’intelligence sociale. On constate donc que ce sont des forces qui s’organisent dans la vertu « sagesse et connaissance », notamment si on utilise le classement de Seligman qui y met l’intelligence sociale (le test met cette force dans « humanité et amour »). D’ailleurs, mes 10 premières forces sont exclusivement dans les deux catégories « sagesse et connaissance » et « transcendance », et toutes les forces de la catégories sagesse sont présentes. Par contre la tempérance rien du tout, et l’amour n’est absolument pas une de mes forces, au contraire, mais par contre c’est une de mes valeurs essentielles : cela aboutit à ce que l’amour est un challenge pour moi.

Le problème dans la société actuelle, c’est que l’on veut mettre tout le monde dans le même moule, au lieu de permettre à chacun d’utiliser ses forces. L’autre problème, c’est qu’on a tendance à se focaliser sur les manques, les lacunes, au lieu de s’appuyer sur ses forces. Et de nombreux mal-être aujourd’hui, notamment au niveau professionnel, viennent de ce que les gens exercent des métiers qui non seulement ne sont pas toujours alignés avec leurs valeurs, mais en plus ne leur permettent pas d’exploiter leurs forces. Ce n’est pas tout à fait mon cas d’ailleurs (enfin sur certaines forces si), la transmission/enseignement n’était pas un mauvais choix au niveau des forces, c’est juste le contexte scolaire qui ne va pas, pour de nombreuses raisons (et notamment celle des valeurs), et mon entreprise aura (j’avais mis « a » mais c’est un peu tôt pour mettre au présent) bien un volet « formation ».

Mais enfin l’essentiel, pour être bien, pour être en accord avec soi, c’est de développer sa conscience de ses forces, et de créer un chemin pour les développer et les optimiser.

Alors, quelles sont vos forces ?

Ce qui n’est pas négociable : suivre ses valeurs

Mercredi, nous parlions de la métaphore du bateau, et j’avais envie d’explorer plus avant certains points, à commencer par le gouvernail, la direction que l’on donne à sa vie, ce qui est important, ses besoins et valeurs. Cela peut paraître simple, mais souvent, on n’en a pas clairement conscience, et c’est comme cela qu’on se retrouve décalé. Or, pour se sentir bien et que le bateau avance correctement, il faut un alignement entre notre vie et ce qui est important pour nous. Partir de nos valeurs, voir quelle place elles ont dans notre vie actuelle et quelle place on voudrait qu’elles tiennent, cela peut aider aussi à construire des projets.

Alors attention, « valeurs » n’est pas à prendre au sens religieux/universalisant : « j’ai des valeurs, moi, moooooonsieur » : tout le monde en a. Simplement, ce ne sont pas les mêmes, et à vouloir suivre les valeurs imposées des autres, on se rend malheureux et on s’épuise.

Donc voici la liste des valeurs communément admise (je la mets en PDF parce que sinon ça prend trop de place) et je vous propose, dans cette liste, de repérer celles qui sont vraiment importantes (peut-être qu’il y a des valeurs dans cette liste qui vont vous choquer, mais on n’est pas là pour juger les gens) (il y a peut-être des choses qui vous semblent des valeurs et qui ne sont pas dans la listes mais c’est sans doute parce que ce sont en fait des forces), genre mettons une dizaine (mais certaines se recoupent et on pourrait les organiser en nébuleuses) :

Moi par exemple ma valeur essentielle c’est la liberté/indépendance, ensuite l’amour, la beauté, l’harmonie, la sensibilité, le calme, la curiosité et la contribution.

Et ensuite, interrogez-vous sur la manière dont votre vie respecte ces valeurs, que ce soit votre vie personnelle et professionnelle. Et ce que vous pourriez faire pour changer cela. Ce qui ne conduit pas nécessairement à tout révolutionner, d’autant qu’il se peut que vous soyez déjà pleinement satisfait, et c’est tant mieux. Je ne le suis pas, mais j’ai grâce à cet exercice compris partiellement pourquoi mon métier qui est une vocation pour beaucoup me fait de plus en plus horreur : il ne respecte absolument pas (et de moins en moins) mes valeurs.

Et suivre ses valeurs ce n’est pas négociable : sinon on se trahit, on s’épuise, on n’est pas aligné et au final on est très malheureux.