Amadeus, de Milos Forman

That was Mozart. Wolfgang Amadeus Mozart.

Lorsque l’an dernier j’arpentais les rues de Prague, et notamment en passant au théâtre des Etats, où ont été tournées certaines scènes du chef d’œuvre de Milos Forman, je me suis promis de revoir ce film dès que l’occasion se présenterait. On notera qu’elle a mis un an à le faire mais enfin, comme je dis toujours, mieux vaut tard que jamais…

Vienne, 1823. Un vieil homme tente de se trancher la gorge, s’accusant d’être responsable de la mort de Mozart. Interné, il reçoit la visite d’un prêtre, à qui il se confesse. Ce vieil homme, c’est Salieri, et il raconte son histoire : celle d’un musicien talentueux et entièrement dévoué à son art, dévoré par la jalousie qu’il éprouve envers un authentique génie.

Tout est donc vu du point de vue de Salieri, qui se retrouve, de fait, être le véritable personnage principal du film, et ce pas de côté permet à Forman d’éviter les pesanteurs du biopic traditionnel pour au contraire nous proposer un véritable chef-d’œuvre, atteignant à l’occasion le mythique et le sublime.

Mozart vs Salieri : tout le film se construit sur cette simple opposition qui en recouvre beaucoup d’autre : l’austérité et la joie, la pulsion de mort et la pulsion de vie, et surtout, le talent travaillé de l’artisan et le pur génie habité par l’enthousiasme et l’inspiration. Car c’est bien ce qu’est Mozart : le génie absolu, anticonformiste, d’un orgueil démesuré et animé d’une force vitale qui emporte tout avec elle.

Forman prend des libertés avec l’histoire, et il fait bien : la scène d’écriture à quatre main du Requiem, apocryphe, est un pur chef d’œuvre. Et si le film est réussi, c’est que Mozart dépasse sa propre personne : il est moderne parce que le génie est intemporel, et le film nous le montre comme une véritable rock star, mélange de Kurt Cobain et d’Elton John, excessif, excentrique, parfois à la limite de la folie. Et son rire, ce rire dionysiaque et presque démoniaque.

Totalement décadent, Amadeus est de ces films qui nous envoûtent et qu’on voit et revoit avec toujours le même bonheur. Quant à la BO… elle est la plus sublime qu’on puisse imaginer.

Amadeus
Milos FORMAN
1984/2002 (director’s cut)