Une petite promenade au musée Rodin

Même si je n’apprécie pas forcément Rodin l’homme, auquel je reproche une attitude assez lâche envers Camille Claudel, j’éprouve une certaine fascination pour ses œuvres, dont se dégage une grande sensualité.

Pour autant, je n’étais jamais allée au musée Rodin, faute d’en avoir réellement l’occasion (vous savez ce que c’est : lorsque je suis à Paris, mon programme est chargé et je dois faire des choix, donc j’ai souvent remis cette visite à plus tard, car des expositions se terminant sont souvent passées avant).

Mais depuis quelques mois une exposition me faisait de l’oeil : La Chair et le marbrequi avait tout pour me fasciner. Et qu’il fallait que je visite rapidement, puisqu’elle est ouverte jusqu’à dimanche soir.

L’exposition se tient dans la chapelle et présente, par ordre chronologique, quelques unes des réalisations de Rodin avec cette matière mythique qu’est le marbre, matériau considéré comme le plus apte à représenter la chair.

Trois périodes se distinguent : l’illusion de la chair de 1871 à 1890, avec une utilisation assez classique de la matière à laquelle le sculpteur cherche à donner l’apparence de ce qu’il est supposé représenter, fleurs, tissus ou cheveux ; la figure dans le bloc, 1890 à 1900 : Rodin ne cherche plus alors l’illusion, mais au contraire fait surgir les figures, de plus en plus monumentales, du bloc de marbre qui tient une place prépondérante à l’état brut ; enfin, de 1900 à la fin (1917), la voie de l’inachèvement, avec une place croissante du flou et du matériau pur.

C’est une très belle exposition, assez fascinante, dont l’un des intérêts est aussi de montrer, pour certaines œuvres, la maquette. On se prend à rêver devant la beauté des corps, la perfection charnelle et esthétique de ces êtres marmoréens. On circule facilement, même lorsqu’il y a un peu de monde.

J’ai trouvé néanmoins que c’était un peu dommage, dans la deuxième pièce, que toutes les œuvres soient aussi près les unes des autres, comme en file indienne : c’est un choix de scénographie qui, selon moi, empêche les œuvres de s’exprimer, et on ne peut pas en faire le tour pour les observer à loisir ; c’est encore plus un problème avec Le Baiser, qui se trouve de fait totalement étouffé, je trouve, et c’est vraiment dommage.

J’ai ensuite visité le jardin, et j’ai vraiment passé un moment merveilleux. Un lieu d’ailleurs que je conseillerais pour un premier rendez-vous amoureux, tant je l’ai trouvée romantique, cette promenade au milieu des arbres, des fleurs et des statues.

Et c’est d’autant plus magique qu’en ce moment (jusqu’au 29 septembre), le jardin accueille deux performances d’Erik Samakh.

La première, Des voix, des ifs, est vocale : mettant à contribution les voix féminines du personnel du musée Rodin, l’artiste utilise comme matière leurs respirations, rires, sourires, chuchotements pour élaborer une création sonore spatialisée qui se déplace dans les ifs qui entourent le Penseur et les Trois Ombres de Rodin, évoquant des présences féminines fantomatiques, donnant au lieu une atmosphère un peu fantastique.

La deuxième, Pierres de lucioles, n’est malheureusement visible qu’en nocturne.

Bon, j’ai tellement baguenaudé dans le jardin que je n’avais ensuite plus le temps de visiter l’exposition permanente, ce sera donc pour une prochaine fois.

Musée Rodin
79, rue de Varenne – 75007 Paris