L’écume des jours, de Boris Vian

Ces romans qui vous marquent à vie

Elle est peut-être blessée, seulement, alors, il n’y aura rien du tout, demain, nous irons ensemble au Bois, pour revoir le banc, j’avais sa main dans la mienne et ses cheveux près des miens, son parfum sur l’oreiller. Je prends toujours son oreiller, nous nous battrons encore le soir, le mien, elle le trouve trop bourré, il reste tout rond sous sa tête, et moi je le reprends après, il sent l’odeur de ses cheveux. Jamais plus je ne sentirai la douce odeur de ses cheveux.

C’est un magnifique roman d’amour que celui-là. Un de ceux qui vous marquent de leur empreinte indélébile et qu’on n’oublie pas. Je l’ai lu pour la première fois lorsque j’avais quinze ans, et je me souviens de l’émotion ressentie à la lecture. Un mélange d’émerveillement et de tristesse.

Je ne l’avais jamais relu depuis, je ne sais pas pourquoi, mais il y a quelques jours j’ai ressenti le besoin de le faire.

Pendant que son ami Chick dilapide l’argent qu’il n’a pas pour s’offrir tout ce qui concerne le philosophe Jean-Sol Partre, Colin vit une vie paisible de rentier, dans un monde fantasque où le couloir de la cuisine est éclairé de deux soleils, où les souris gourmandes se taillent des sucettes dans le savon et où les portes qui claquent font « le bruit d’une main nue sur une fesse nue« .

Mais il manque quelque chose à Colin : Chick est amoureux d’Alise, et il voudrait bien, lui aussi, tomber amoureux. Lorsqu’il rencontre Chloé, c’est le coup de foudre, et très rapidement ils se marient. Mais Chloé tombe malade, un nénuphar pousse dans son poumon. Commence alors la chute : le monde de Colin, jusque-là vaste et lumineux, s’étrique et s’assombrit à mesure que la maladie progresse et que son argent disparaît.

Un roman d’amour et de mort

Je dois dire que je ne me souvenais pas que c’était si sombre.

Bien sûr, je me rappelais que ce n’était pas très gai, finalement, comme histoire, mais j’avais surtout retenu la fantaisie qui habite ce monde. Là, je me suis pris de plein fouet la mélancolie et le pessimisme de cette histoire qui dit la fin du monde de l’enfance et de l’adolescence. Je dois même avouer que j’ai versé de nombreuses larmes…

Au final, je pense que c’est un livre qu’on ne lit pas du tout de la même manière lorsqu’on est adolescent et à l’âge adulte, et qu’il grandit avec nous. Je suis donc très heureuse de l’avoir redécouvert avec un regard neuf.

L’Ecume des jours (lien affilié)
Boris VIAN

 

7 réponses à « L’écume des jours, de Boris Vian »

  1. Avatar de Manuel de Saint-Germain-des-Prés, de Boris Vian | Cultur'elle

    […] Comme je suis un stéréotype d’intello-bobo-snob, j’aime d’amour le quartier de Saint-Germain-des Prés, et lorsque je suis tombée sur ce petit livre au musée des lettres et des manuscrits (boulevard Saint-Germain, donc), je n’ai pas pu lui résister. D’autant que j’aime énormément, aussi, Boris Vian. […]

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  2. Avatar de Les vingt livres qui ont changé la vie des Français… et la vôtre ? | Cultur'elle
  3. Avatar de Danse d’atomes d’or, d’Olivier Liron | Cultur'elle

    […] de la tragédie. Cela n’est évidemment pas sans rappeler, et c’est assumé, L’Écume des jours de Boris Vian, mais un Vian qui aurait croisé le mythe d’Orphée et la Divine Comédie de […]

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  4. Avatar de L’Écume des jours, de Michel Gondry – Caroline Doudet

    […] L’Ecume des jours de Boris Vian fait partie des romans que j’ai lus adolescente et qui m’ont construite. Je connais certaines scènes presque par cœur. Il va sans dire que le voir adapté au cinéma me faisait un peu peur, même si je considère Michel Gondry comme l’un des plus grands génies du cinéma actuel, et que si quelqu’un pouvait adapter Vian, ça ne pouvait être que lui. […]

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  5. Avatar de En attendant Bojangles, d’Olivier Bourdeaut – Caroline Doudet

    […] de références intertextuelles. On a beaucoup parlé de Vian, et il y a en effet quelque chose de L’Écume des jours, cette vision tragique de l’existence où le réel vient toujours mettre fin à la fantaisie […]

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  6. Avatar de Danse d’atomes d’or, d’Olivier Liron – Caroline Doudet

    […] n’est évidemment pas sans rappeler, et c’est assumé, L’Écume des jours de Boris Vian, mais un Vian qui aurait croisé le mythe d’Orphée et la Divine Comédie de […]

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