Le Cercle du Karma, de Kunzang Choden

Le Cercle du Karma, de Kunzang Choden

La dette karmique

Tu me connais. Les hommes, le sexe, je ne veux même plus y penser. J’ai eu assez de souffrances pour plusieurs vies, à cause d’eux.

Je ne sais plus du tout par quel biais le destin a fait parvenir ce roman jusqu’à ma PAL mais une chose est sûre, c’était un jour de karma positif, parce que j’ai vraiment adoré, et il s’agit à nouveau d’un gros gros coup de cœur (je suis bénie en ce moment, je ne lis que des romans qui me transportent, d’autres sont à venir). Je m’excuse à l’avance pour les augmentations exponentielles de PAL dont je pourrais être responsable.

Lorsque l’histoire commence, Tsomo, l’héroïne, a soixante-dix ans et estime que les hommes (au sens d’être humain de sexe masculin) lui ont apporté assez de souffrances pour plusieurs vies. Le lecteur (plus exactement la lectrice, qui pourrait dire la même chose même si elle est loin d’avoir cet âge) est intrigué : que s’est-il donc passé dans sa vie (présente) pour qu’elle en arrive à cet amer constat ?

Cette vie, c’est justement l’objet du récit qui va suivre.

Tsomo vient au monde dans un lieu et un temps où être une fille n’offre pas un horizon de possibilités très stimulant, et pourtant, à sa naissance, l’astrologue consulté prédit qu’elle ne tiendra pas en place et voyagera beaucoup. Il affirme aussi qu’elle n’a pas accumulé beaucoup de mérites dans ses incarnations précédentes, et qu’elle aura une vie de souffrance. Et c’est bien ce qui va se réaliser pour la pauvre Tsomo, qui n’aura de cesse d’aller de désillusion en déception.

Et pourtant elle avance, traçant le chemin de son existence et épurant son karma…

L’apprentissage par les épreuves

Quelle merveille ! Tout est passionnant dans ce roman !

D’abord, il est très enrichissant d’un point de vue culturel : il faut dire qu’on n’a guère l’habitude de lire des romans bhoutanais, et on en apprend beaucoup sur les croyances, les modes de vie, le bouddhisme, les divinités, le karma, autant de sujets qui m’intéressent beaucoup.

D’un point de vue plus personnel, c’est un très beau et original roman d’apprentissage, une quête initiatique qui permet de se poser beaucoup de questions et d’apprendre sur soi. Tsomo est « en quête d’elle-même ». On apprend surtout des épreuves et du malheur, dit le Bouddha. « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort« , dit le philosophe (Nietzsche en l’occurrence). Et le courage de Tsomo est admirable, car malgré les épreuves, elle reste forte, ne tombe jamais dans le désespoir, et le roman n’est jamais larmoyant, bien au contraire.

Bref, une très belle leçon de vie, un roman passionnant qui fait voir du pays, une plongée dans une culture mal connue… que demander de plus ?

Le cercle du karma (lien affilié)
Kunzang CHODEN
traduit par Sophie Bastide-Foltz
Actes Sud

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