Une histoire de magie
Le suprême objet de la danse est la monstration du corps. Nous vivons avec ce malentendu que chacun possède un corps. Dans l’immense majorité des cas, nous n’occupons pas ce corps, ou alors si mal que c’est une pitié, un gâchis, comme ces superbes palazzi romains qui servent de sièges à des multinationales quand ils étaient destinés à être des lieux de plaisir. Personne n’habite autant la totalité de son corps que les grands danseurs.
Je ne fais pas partie des fans d’Amélie Nothomb. Non pas au sens où je ne l’aime pas, mais au sens où je ne me précipite pas sur ses romans chaque année à l’époque de la Rentrée Littéraire. D’ailleurs, je dois avouer que sa régularité de publication, digne de celle d’un métronome, aurait un peu tendance à m’angoisser.
Cela dit, à chaque fois qu’il m’a été donné de lire un de ses romans, j’ai plutôt bien aimé, en particulier Stupeur et Tremblements.
En octobre 2010, Amélie Nothomb se rend dans un club, où elle repère deux hommes qui de toute évidence se détestent et ont sans doute un lourd passé commun. Elle mène son enquête : les deux hommes sont de grands magiciens, et en effet une longue histoire ensemble.
Nous voilà ramenés à Reno, dans le Nevada, en 1994. Joe Whip a quatorze ans, s’entraîne de longues heures à faire des tours de cartes, et ne connaît pas son père. Lorsque sa mère le met à la porte, il trouve refuge chez Norman Terence, qui prend soin de lui comme un fils et lui apprend les ficelles du métier. Mais Norman est fiancé à Christina…
La filiation
Je n’attendais rien de particulier de ce roman, et j’ai vraiment passé un très bon moment. Ce livre se lit vraiment bien (mais très rapidement aussi). L’histoire est intelligente, bien menée, elle nous entraîne dans un milieu assez particulier, celui des magiciens, des joueurs de cartes et des casinos, mais surtout pose avec beaucoup d’originalité le problème de la filiation, et de la paternité, celle qu’on se choisit.
L’autrice nous mène d’ailleurs par le bout du nez et c’est finalement ce qui a achevé de me convaincre : on croit lire une histoire plaisante mais somme toute assez classique, et en fait, pas du tout et la fin m’a laissée complètement désarçonnée tant je n’avais rien vu venir (cela dit ce n’est pas forcément un critère).
Ce qui est admirable alors dans le travail de Nothomb sur ce roman, c’est l’adéquation complète entre le thème et la manière dont il est mené : l’illusion du spectateur/lecteur. Donc j’admire ! Je ne crois par pour autant que l’an prochain je me précipiterai sur sa livraison de l’année, mais si l’occasion m’est donnée de le lire, je le ferai avec plaisir !
Tuer le Père (lien affilié)
Amélie NOTHOMB
Albin Michel, 2011









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