Un nouveau Barbe-Bleue
Ceci est l’entrée de la chambre noire, où je développe mes photos. Elle n’est pas fermée à clef, question de confiance. Il va de soi que cette pièce est interdite. Si vous y pénétriez, je le saurais, et il vous en cuirait.
Tous les ans, pour la Rentrée Littéraire, avec une régularité métronomique qui personnellement m’angoisserait, paraît le dernier Amélie Nothomb. Comme le beaujolais nouveau (qui sort aujourd’hui, d’où ma comparaison), sa sortie est un rituel, attendu avec impatience des amateurs.
Personnellement, je n’aime pas le beaujolais, donc la comparaison s’arrêtera là, car j’aime plutôt bien Amélie Nothomb, sans être pour autant une nothombophile acharnée. Disons que lorsque l’occasion se présente, je ne dis pas non (je ne dis pas non plus non au beaujolais, ceci étant), et l’occasion s’étant présentée j’ai lu Barbe-Bleue.
Quelle arnaque se cache donc derrière l‘annonce immobilière à laquelle Saturnine à répondu ? Il y a de quoi se pincer : en plein Paris, une colocation dans un luxueux appartement, avec une chambre de 40m2, une salle de bain, le tout pour 500€.
Forcément, elle n’est pas la seule à se présenter pour la visite, mais elle se rend vite compte que les autres candidates sont là par pure curiosité. Et il y a de quoi être intrigué : les 8 femmes ayant précédemment loué la chambre ont tout simplement disparu. Don Elemirio, l’étrange propriétaire qui ne sort pas de chez lui, serait-il un nouveau barbe-bleue ?
La vie inimitable
Alors, ce n’est pas un millésime, pour rester dans la métaphore viticole et coller au flot de champagne, millésimé lui, qui coule dans ce roman. Pour autant, ce n’est pas non plus un raté.
C’est un roman qui se lit avec beaucoup de plaisir, bien qu’un peu trop vite malheureusement. C’est drôle, c’est farfelu et malgré le thème qui pourrait sembler glauque, plutôt léger.
J’ai beaucoup apprécié le personnage de Don Elemirio, grand d’Espagne à cheval sur sa lignée aristocratique et dont l’unique occupation est d’être digne.
J’ai adoré Saturnine, vive, drôle et vraiment les pieds sur terre. J’ai aimé leurs conversations incisives. J’ai aimé cette manière de revoir l’idée de conte de fées, avec du champagne, du caviar, du homard, comme une sorte d’art de vivre un peu décalé.
Oui, j’ai beaucoup aimé, vraiment, mais je sais aussi que comme celui de l’an dernier, dont je serais incapable de dire quoi que ce soit aujourd’hui, je l’oublierai sans doute assez vite.
Barbe Bleue (lien affilié)
Amélie NOTHOMB
Albin Michel, 2012









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