Je connais peu d’expressions aussi fausses que « coup de foudre ». L’amour soudain ne foudroie pas ; il fait remonter à la surface. Comme les secousses sismiques, nées d’une faille sous-marine à laquelle on ne pense plus, provoquent parfois l’apparition d’une île.
Non, je ne suis pas monomaniaque. (Bon, ok, un peu). (Bon, ok, beaucoup). (C’est bon, je suis totalement monomaniaque). De fait, cela fait quelques temps que ce roman avait réintégré ma Tour de Pise pour relecture, car j’en gardais un souvenir attendri, et j’avais envie de voir comment le temps qui a passé allait réorienter (ou pas) ma vision de ce roman.
Je l’ai lu à sa sortie, en 2000 donc, ce qui ne nous rajeunit pas, et à cette époque, je n’étais pas celle que je suis aujourd’hui, et certaines thématiques chères à cet auteur cher à mon cœur me passaient un peu au-dessus, faute d’expérience de la vie, bonne ou mauvaise. Bref.
Alors qu’il revient d’un congrès à Monaco, le narrateur, Nicolas Rockel, un inventeur de jouets quelque peu fantaisiste, a un coup de foudre. Un double coup de foudre. Pour Ingrid, une ornithologue dont l’ex-mari vient de mourir, et pour son fils Raoul. Coup de foudre réciproque.
Mais si cela suffisait pour que tout aille bien, il n’y aurait pas de roman…
Il y a dans ce roman comme dans tous ceux de l’auteur une grande fantaisie et une grande légèreté, promesses d’optimisme : c’est drôle, c’est tendre, c’est très romantique (le narrateur, je l’épouse demain).
Et, malgré tout, cette histoire est aussi très sombre et très mélancolique, c’est sans doute même l’un des plus tristes que Van Cauwelaert ait écrits, et certains moments sont déchirants, même si l’on sait que tout finit toujours par s’arranger, d’une manière ou d’une autre, et toujours avec une grande poésie, magique mais pas fondamentalement invraisemblable.
Les personnages sont secoués, malmenés, plongés au fond du gouffre du désespoir parfois, mais ils sortent toujours grandis de ces épreuves, plus forts, plus vastes, finalement peut-être plus heureux.
Et c’est, je crois, ce qui me touche particulièrement chez cet auteur dont on sent, dans ce roman en particulier dont je soupçonne qu’il l’ait écrit à une période pas forcément gaie, qu’il a vécu des choses douloureuses mais qu’il en est sorti meilleur : la douleur est toujours transitoire et cathartique, et on a toujours une chance, une deuxième chance, de recommencer les choses et d’être enfin heureux.
Et tout cela sans que cela ne soit jamais mièvre ou plein de bons sentiments, c’est optimiste, c’est tout !
L’Education d’une fée (lien affilié)
Didier VAN CAUWELAERT
Albin Michel, 2000









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