C’est bon, la vie au conditionnel, comme autrefois, dans les jeux enfantins : « On aurait dit que tu serais… » Une vie inventée, qui prend à contre-pied les certitudes. Une vie presque : à portée de la main, cette fraîcheur. Une fantaisie modeste, vouée à la dégustation transposée des rites domestiques. Un petit vent de folie sage qui change tout sans rien changer…
Ce livre est sans doute un de ceux que j’ai le plus offerts. Parce qu’il porte avec lui une promesse de joie et de légèreté, une simplicité lumineuse, un attachement viscéral à la vie et à ses petits bonheurs. Ce que l’on a envie d’offrir aux gens que l’on aime.
La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, c’est l’éloge de l’hédonisme. Par petites touches, Delerm s’attache aux moments de plaisirs du quotidien. Plaisirs des sens, dont aucun n’est oublié : les goûts, les couleurs et les lumières, les sons, les parfums, les sensations tactiles. Parfois ils se mélangent dans une explosion synesthésique, d’autres fois non, on profite de chacun.
Comme une petite madeleine, les petits instants de joie pure s’égrainent et éveillent des souvenirs heureux. La première gorgée de bière. Savourer un croissant sur le trottoir. Cueillir des mûres. Rouler sur l’autoroute, la nuit. Manger un banana-split. Prendre un Porto. Lire sur la plage. Plonger dans un kaléidoscope. Jouer à la pétanque.
L’écriture précise de Delerm, attentive aux détails, aux plus petites choses, parvient parfaitement à rendre l’épaisseur de l’instant. Et cette période de morosité, cela fait un bien fou de se replonger dans cette invitation à la quiétude !
La Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules (lien affilié)
Philippe DELERM
Gallimard, 1997









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