Le Tout Nouveau Testament, de Jaco van Dormael


Il passait ses journées à inventer les nouvelles lois de l’emmerdement universel.

Iconoclaste que je suis, j’avais repéré ce film dès sa sortie, et je me suis logiquement jetée dessus dès qu’il a été disponible en VOD… pour mon plus grand bonheur.

Dieu existe. Il habite à Bruxelles, dans une tour coupée du monde, et c’est un bon gros beauf tyrannique et odieux, notamment avec sa femme et sa fille. Parce que oui, Dieu a une fille de 10 ans, Ea, même si on ne parle toujours que de son fils JC.

Une nuit, complètement alcoolisé, il oublie de fermer la porte de son bureau, et Ea, ayant compris le mal qu’il s’amusait à faire à l’humanité, décide de se révolter : après avoir envoyé par SMS à tous les humains le décompte du temps qui leur restait à vivre, elle s’enfuit et part en quête de ses 6 apôtres, avec lesquels elle rédigera le Tout Nouveau Testamentcelui où les hommes parlent d’eux-mêmes. Ses 6 ajoutés aux 12 de son frère, ça fera 18, le chiffre de sa mère, et ça pourrait bien tout changer.

Résolument brillant et jubilatoire, ce film est à un premier niveau une comédie totalement déjantée et irrévérencieuse avec un Dieu pour le moins maltraité : assis devant son ordinateur, clope au bec et bière à la main, il s’amuse avec les hommes comme nous quand nous jouons aux Sim’s.

Il a créé le monde parce qu’il s’ennuyait, et, parce que c’est beaucoup plus rigolo de les voir souffrir, il monte les hommes les uns contre les autres pour qu’ils s’entre-tuent en son nom, il invente accidents d’avion et autres désastres, ainsi que les lois de l’emmerdement maximum — le téléphone qui sonne dès qu’on est dans son bain, la file d’à côté qui avance toujours plus vite ou la tartine qui tombe toujours du côté de la confiture, lois qu’il aura d’ailleurs à subir par la suite. Bien fait.

Mais ce film n’est pas une simple pochade impertinente : à côté de ces moments purement hilarants se tisse une fable poétique sur la vie, sur le monde, sur sa beauté. Avec entre les mains la date de sa mort, chacun réfléchit à sa vie et ce qu’il veut en faire : certains ne changent rien, d’autres changent tout. Les moments de grâce et d’émotion ne manquent pas.

Finalement, ce Dieu, c’est poussé à l’extrême celui que nous donnent à voir les religions, un Dieu omnipotent et colérique, qui envoie des désastres on ne sait pas trop pourquoi et se moque bien de la détresse des hommes. Et à l’opposé de ce pouvoir masculin violent, les femmes : la fille, l’épouse.

Et si Dieu était une femme, le monde serait sans doute plus beau.

Bref : je suis totalement conquise par cette comédie plus profonde qu’elle en a l’air au premier abord (à l’histoire de Martine et de son singe près : je n’ai pas bien compris…).

Le Tout Nouveau Testament
Jaco van DORMAEL
2015

26 réponses à « Le Tout Nouveau Testament, de Jaco van Dormael »

  1. Avatar de jostein59

    Samedi dernier, j’ai regardé la bande annonce avant de faire mon choix en VOD. J’ai craint la grosse blague. Finalement j’ai choisi Le prodige….En lisant ta chronique, je me dis que la prochaine fois, j’essaierai de convaincre la famille pour Le tout nouveau testament.

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    1. Avatar de Caroline Doudet (L'Irrégulière)

      Il y a un côté grosse blague, mais pas que !

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  2. Avatar de Anne de Louvain-la-Neuve

    Jaco Van Dormael, prodigieux réalisateur associé à Thomas Gunzig, prodigieux chroniqueur et auteur, ça donne une résultat… prodigieux, d’images, de scènes, de décors (le bureau de Dieu fait penser aux boites « registres » de Boltanski). Mon seul regret est d’avoir loupé Kiss and Cry des deux compères associés à Anne Theresa de Keersmaecker, chorégraphe magnifique. Bref, un film à conseiller aux gens qui ne sont pas sages et qui aiment le non sens, le délire, les paradoxes, le rêve ce qui n’empêche aucunement la réflexion, n’est-ce pas ? Oui, même pour Martine et son singe qui m’ont renvoyée à Max mon amour. Un délire de plus ?

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    1. Avatar de Caroline Doudet (L'Irrégulière)

      Sans doute, mais j’avoue que sur ce coup, je suis perplexe…

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  3. Avatar de auroreinparis

    Je ne sais plus bien ce que j’en avais pensé , mais l’idée était vraiment super originale et très symbolique.

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  4. Avatar de La Critiquante

    J’ai été tellement surprise par ce film. Ce n’est pas juste un comédie, il y a un vrai beau message derrière. J’ai adoré aussi !

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    1. Avatar de Caroline Doudet (L'Irrégulière)

      Oui, voilà, plus profond que ce que laisse attendre la bande annonce !

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  5. Avatar de mithrowen

    Je suis sur la même longueur d’onde que toi, ce film m’a vraiment touché. Il m’a fait rire et pleurer!

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    1. Avatar de Caroline Doudet (L'Irrégulière)

      Pleurer, pas jusque-là, mais c’est émouvant !

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  6. Avatar de yueyin
    yueyin

    Ah tiens, je n’étais vraiment pas tentée, tu me réconcilies avec l’idée 🙂

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  7. Avatar de Le plumage de la pintade

    Entièrement d’accord, délirant, impertinent, drôle et émouvant ! J’ai eu la chance de le voir en avant-première lors du Festival du Film de la Rochelle, où Yolande Moreau était venu le présenter, un super souvenir, le meilleur du festival (avec Fatima, dans un tout autre registre).

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    1. Avatar de Caroline Doudet (L'Irrégulière)

      Oh oui, ce devait être un super moment !

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  8. Avatar de Marion
    Marion

    Je l’ai trouvé très juste. Sous son apparence de comédie, le spectateur est en fait amené à se poser beaucoup de questions. Un bon moment de cinéma !

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  9. Avatar de coupsdecoeurgeraldine

    Je partage tout à fait ton enthousiasme, j’ai adoré XXL ! Et idem pour Martine et le singe, c’est le seul truc un peu too much, mais en même temps, fallait le faire de mettre Deneuve en telle compagnie !

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  10. Avatar de elea1688

    J’ai aussi prévu de le voir en dvd et je pense aussi que derrière « la grosse blague » il y a quelque chose à en retirer .. un peu comme « Bruce tout puissant » revu dernièrement.

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    1. Avatar de Caroline Doudet (L'Irrégulière)

      Oui, il y a vraiment une réflexion !

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  11. Avatar de L’Homme qui voyait à travers les visages, d’Eric-Emmanuel Schmitt | Cultur'elle

    […] sur les textes dont il est l’auteur (hypothèse qui n’est pas sans rappeler celle du Tout Nouveau Testament), s’oppose un Eric-Emmanuel Schmitt qui se fait personnage de son propre roman et est […]

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  12. Avatar de Lucifer, de Tom Kapinos | Cultur'elle

    […] le voit jamais (oseront-ils ?). Tantôt on a l’impression qu’il n’est qu’un despote qui joue aux Sims aussi bien avec les humains qu’avec sa famille, tantôt qu’il s’en fout, […]

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  13. Avatar de L’Homme qui voyait à travers les visages, d’Eric-Emmanuel Schmitt – Caroline Doudet

    […] sur les textes dont il est l’auteur (hypothèse qui n’est pas sans rappeler celle du Tout Nouveau Testament), s’oppose un Eric-Emmanuel Schmitt qui se fait personnage de son propre roman et est […]

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  14. Avatar de Lucifer, de Tom Kapinos – Caroline Doudet

    […] ne le voit jamais (oseront-ils ?). Tantôt on a l’impression qu’il n’est qu’un despote qui joue aux Sims aussi bien avec les humains qu’avec sa famille, tantôt qu’il s’en fout, tout […]

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