Où être chez soi…

Où être chez soi

Je l’ai déjà dit de nombreuses fois : j’aime infiniment l’appartement où j’ai déménagé il y a un an et demi. Mais il m’apparaît de plus en plus comme un lieu de transition — ce n’est pas un hasard s’il est à côté de l’ancien, qu’il le touche même, tout en étant radicalement différent.

Un lieu de transition, un cocon même, dans lequel j’ai pu me transformer moi.

De fait, en psychanalyse, notre lieu de vie reflète notre intérieur. Lorsque je m’y suis installée presque le jour de mes 39 ans (vous voyez le symbole ?), c’était une page blanche, et tout était à imaginer : déménager, faire des plans, choisir l’emplacement de chaque meuble que je possédais déjà (parce qu’on ne peut pas tirer totalement un trait sur le passé), en acheter de nouveaux qui se coordonneraient et notamment les bibliothèques qui sont essentielles.

Comme un texte finalement : corriger, raturer, réécrire, ajouter de nouveaux passages, en enlever d’autres qui sont boiteux.

Après je suis passée aux finitions, aux détails : la machine à écrire, les plantes un peu partout, le bois que j’accumule (j’ai vraiment, en ce moment plus que jamais, une manie du bois et plus généralement des matières naturelles). La chaise dans la chambre, le dernier détail en date.

Je crois que c’est fini, pour autant que cela puisse l’être (il y a toujours des choses qui bougent, évidemment). Ma maison est finie. Je suis finie (à peu près) : dans l’autre régnait le chaos, celui-ci est clair et ordonné (à peu près, beaucoup plus en tout cas).

Et je sais (c’est de l’ordre de l’intuition) que je partirai. Quand, je ne sais pas, bien sûr, mais encore une fois, ce lieu est transitoire (même si je l’aime, il n’est pas chez moi).

Parce que, voilà, j’ai de plus en plus envie de quitter la ville. Pas seulement quitter Orléans, mais la ville tout court : je crois que pendant des années, je me suis menti à moi-même (et aux autres) en affirmant être une citadine intégriste. Je crois que je n’aime pas la ville en elle-même, son bruit, sa fureur.

Ce que j’aime, c’est ne pas devoir prendre ma voiture pour aller acheter du pain (je suis atteinte d’une espèce de phobie qui fait que prendre ma voiture m’angoisse si je vais dans un endroit où je ne suis pas sûre de trouver facilement une place pour me garer : inutile de me le dire, je suis très consciente de ce que ça signifie symboliquement). Mais si j’aime mon nouvel appartement, c’est aussi parce qu’il n’est pas tourné vers la ville.

Ou alors, j’ai vraiment aimé la ville et je ne l’aime plus, effet de la crise de la quarantaine encore une fois. Peu importe.

Alors, je rêve d’ailleurs. De trouver enfin le lieu où je serai enfin chez moi, peut-être. Pas la campagne au sens strict : je n’aime pas le plat. La mer, parce que j’ai un besoin absolu de l’eau. Ou la montagne. Il y a d’ailleurs toujours ce poste qui m’obsède et m’appelle et que je veux absolument. Le grand air. Le calme. Le beau lorsqu’on ouvre ses volets le matin. La poésie du monde. Ailleurs, pour finir de me réinventer.

12 commentaires

  1. Nina Saul dit :

    Attention à l’apprl de la campagne, beaucoup de citadins usés d’urbanité s’y sont installés puis, ennuyés. Après 12 ans de campagne, je rêve de ville !!!! Si vous faites le grand pzs, préservez-vous, ne rompez peut-être pas définitivement le lien urbain …

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    1. Ce n’est pas mon intention 😉

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  2. J’ai eu l’impression à te lire de me lire. J’ai été une citadine (parisienne et orléanaise) convaincue mais j’ai depuis 4 ans fait le choix de vivre dans la nature, loin de la fureur et du bruit. J’écoute le silence, avec le calme ils me nourrissent et m’apaisent. Je ne regrette pas mon choix, mûrement réfléchi, je vis au milieu de la nature, isolée mais tellement pleine. Je déteste également conduire mais je préfère vivre ainsi et prendre ma voiture lorsque cela est nécessaire, tout est une question d’organisation…… 🙂

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    1. En fait ce n’est pas conduire, mon problème (encore que je n’adore pas), c’est vraiment me garer ^^

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  3. Je comprends tout à fait. Pour ma part cela va bientôt faire dix ans que je suis dans mon appartement et je sais que c’est un lieu de transition. Je voudrais à la fois me rapprocher de la ville (et je te rejoins dans l’idée de pouvoir faire ses courses sans avoir à prendre la voiture) mais la ville finit par m’étouffer et me vider de mon énergie. Alors, quid de mon prochain logement… Je voudrais me rapprocher de mon travail (en plein cœur de la ville) et en même temps conserver la tranquillité et la verdure qui m’entoure. Ca va pas être simple! Je commencerai à chercher début 2019…

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    1. Bon courage pour les recherches alors !

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  4. Happyvero dit :

    Comme je te comprends j’ai un grand besoin de calme pour être bien et sereine
    Tu trouveras forcément ton idéal il t’attend qq part.
    D’ailleurs je déteste aussi prendre ma voiture si je ne sais pas comment je vais pouvoir me garer 🤔 Mais je n’en connais pas la symbolique. Tu me donnes un tuyau?

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    1. La peur de ne pas arriver à trouver de place dans le monde 😉

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