J’écris ce qui est remis à Ulysse de la part de Pénélope, tes larmes, Phyllis, quand tu te vois abandonnée, et ce que liront Pâris, Macarée, Jason si peu reconnaissant, Hippolyte et le père d’Hippolyte ; je répète les paroles de la malheureuse Didon, qui tient son épée nue, et de la Lesbienne, qui aime la lyre éolienne. (Ovide, Les Amours)
J’en avais lu des extraits, traduits en version au temps où, avec beaucoup de peine, je faisais du latin (je n’ai jamais été très douée), mais je ne m’étais jamais penchée sur ces lettres dans leur ensemble ; l’autre jour, je suis tombée dessus, et comme j’envisage de moins en moins vaguement d’écrire la suite du Truc, je me suis dit que c’était parfait.
Ovide imagine dans ce texte les lettres qu’auraient pu écrire certains personnages amoureux de la mythologie.
Les quinze premières sont adressées par des femmes à l’homme qu’elles aiment et qui, dans beaucoup de cas, les a trahies et abandonnées (pas toujours, mais c’est tout de même un motif récurrent) : Pénélope à Ulysse, Phyllis à Démophon, Briseis à Achille, Phèdre à Hippolyte, Oenone à Pâris, Hypsypyle à Jason, Didon à Enée, Hermione à Oreste, Déjanire à Hercule, Ariane à Thésée, Canacé à Macarée, Médée à Jason, Laodamie à Protesilas, Hypermestre à Lyncée, Sapho à Phaon (la seule qui ne soit pas issue de la mythologie).
Suivent trois échanges : Pâris et Hélène, Léandre et Héro, Accontius et Cydippe.
L’amour est l’un des sujets essentiels de la mythologie, et Ovide celui qui l’exalte avec le plus de profondeur : il explore ici la passion amoureuse au féminin, l’expérience douloureuse de l’éloignement, parfois de l’abandon et de la trahison, les tourments de l’amour malheureux où les hommes sont bien souvent des bourreaux (avec mention spéciale à Jason, qui fait le coup de la trahison deux fois) à qui on pardonne, pourtant.
C’est magnifique, émouvant, et j’ai découvert des histoires que je ne connaissais d’ailleurs pas.
Je vous laisse méditer sur ces mots de Phèdre à Hippolyte (ma lettre préférée, je crois) : Il est dangereux de dédaigner les ordres que donne Amour : il règne, il étend ses droits sur les dieux souverains.
Les Héroïdes. Lettres d’amour (lien affilié)
OVIDE
Traduit par Théophile Baudement
Gallimard, 1999









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