Hypersensorialité

Hypersensorialité

Je ne sais pas si vous vous souvenez de cette série qui passait à une époque sur M6 dans la mythique trilogie du samedi, The Sentinel : Jim Ellison, ancien de l’armée devenu flic, découvrait qu’il avait des pouvoirs hors du commun. Il était une sentinelle. Dans les sociétés tribales, les sentinelles étaient les membres du groupe qui assuraient la protection et la surveillance : leurs sens étaient surdéveloppés, ce qui leur permettait de « sentir » les ennemis arriver de loin.

Parfois, j’ai l’impression d’être une sentinelle, tant je je reçois les stimuli sensoriels puissance mille. Cela a toujours été le cas, mais ce n’est que très récemment que j’ai fait le lien avec l’hypersensibilité, qui a donc deux faces, l’une émotionnelle et l’autre sensorielle.

Bien sûr, cette hypersensorialité a du positif, c’est ce qui permet d’habiter poétiquement le monde. Je suis attentive à tout ce que perçoivent mes cinq sens, et l’un des axes de mon travail avec Le Voyage Poétique est d’aider les gens à développer cette disponibilité sensorielle.

Le problème, c’est lorsque les stimuli sont trop fort, et/ou désagréables (je n’ai pas encore trouvé comment baisser le volume de réception).

Par exemple, j’ai un vrai problème avec la lumière : j’adore le soleil, il est indispensable à mon bien-être, mais je ne peux pas vivre sans lunettes de soleil, sinon je ne vois plus rien, je développe une migraine et je suis obligée ensuite de rester des heures dans le noir.

Les odeurs peuvent aussi constituer une véritable agression. Les mauvaises, bien sûr, surtout corporelles comme la transpiration de gens que je ne connais pas (ceux que je fréquente de très près, cela a au contraire un petit truc excitant) mais aussi les bonnes à haute dose : cet été, j’ai failli tourner de l’œil à cause d’une jeune fille enduite des pieds à la tête d’huile de coco, ce qui lui semblait sans doute agréable, et l’aurait été si elle s’était tenue à 20m de moi, mais juste à côté c’était un calvaire.

Mais je crois que le pire, c’est la musique. Quand j’écoute de la musique, c’est en sourdine, même moi je l’entends à peine, c’est le but. Et je ne comprendrai jamais ce besoin qu’ont les gens de mettre le volume à fond à en faire trembler les murs. J’ai déjà raconté qu’au mois de Mai, je suis obligée de fuir Orléans le soir du set electro (enfin, j’en profite pour partir tout un week-end).

Je croyais, naïvement, être tranquille niveau boucan jusqu’à l’année prochaine (il n’y a rien dans mon quartier pour la fête de la musique). Et bien non : samedi soir, je me suis retrouvée agressée (et j’utilise ce mot en conscience : pour moi c’est une agression) par une autre fiesta du bruit, le Fusion Estival, dont j’ai la malchance qu’il se tienne à 200m de chez moi. Impossible de faire quoi que ce soit (je ne parle même pas de dormir : lire m’aurait suffi, mais je ne pouvais pas) jusqu’à une heure du matin. Et, j’avoue, je me suis un peu énervée.

Parce que, toutes ces stimulations sensorielles, c’est littéralement épuisant.

Je suis heureuse que les supermarchés aient, dans leur ensemble, compris que leurs lumières et leur musique à gogo étaient une plaie et faisaient fuir certains clients, et proposent des « heures calmes » auxquelles faire ses courses sans être agressé de toute part. Fait notable : ces heures ont été, à la base, conçues pour les personnes souffrant de trouble du spectre autistique, et au final c’est une population beaucoup plus large qui s’en est trouvée apaisée.

Je pense que le monde s’en trouverait beaucoup mieux si tout était toujours en « heures calmes« . On ne se rend pas compte à quel point toutes ces stimulations rendent les gens d’autant plus agressifs, un peu comme des enfants qui deviennent incontrôlables lorsqu’ils sont fatigués. Et je ne parle pas seulement des hypersensoriels comme moi : je pense que c’est valable pour tout le monde, même si le curseur n’est pas au même endroit.

Et je me demandais, samedi soir, quand est-ce que les gens, bon sang, et la société, ferait un réel effort ? La musique peut s’écouter avec des écouteurs ou avec le son au minimum, il n’y a pas besoin qu’on l’entende à 10km à la ronde, et je ne vais pas vivre avec un casque anti-bruit. On peut mettre du parfum et des cosmétiques qui sentent bon (et j’en mets) sans que l’odeur soit forte à tuer les mouches : même les odeurs agréables sont agressives, à haute dose. Quant aux mauvaises odeurs, oui au déodorant et à la douche, surtout quand on prend les transports en commun !

7 réponses à « Hypersensorialité »

  1. Avatar de anne dorr
    anne dorr

    je partage totalement cette pensée. oui stop aux agressions des sens

    J’aime

    1. Avatar de Caroline Doudet

      Montons un collectif !

      J’aime

      1. Avatar de Anne DORR
        Anne DORR

        bonne idée, de plus, j’ai posté votre article sur FB et il marche plutôt bien.

        Aimé par 1 personne

  2. Avatar de cora85

    Je suis également hypersensible, même si j’avoue aimer augmenter le volume.
    Ce que je ne supporte pas, c’est de travailler avec de la musique, surtout si c’est un job où je vois du monde toute la journée, le téléphone qui sonne en permanence…cela m’épuise , me stresse, et me fait sursauter dès que j’entends les même sons, dans un autre lieu.
    Tu as tout mon soutien !

    J’aime

    1. Avatar de Caroline Doudet

      Je n’arrive pas à travailler avec la musique : je suis incapable de me concentrer !

      Aimé par 1 personne

  3. Avatar de Ressentir, de Gretchen Rubin – Caroline Doudet

    […] cinq sens, la sensorialité, c’est un sujet essentiel pour moi, j’en parle tout le temps et je suis toujours à la recherche de nouvelles expériences, et […]

    J’aime

Un petit mot ?

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Je suis Caroline !

Portrait plan américain d'une femme châtain ; ses bras sont appuyés sur une table et sa maingauche est près de son visage ; une bibliothèque dans le fond

Bienvenue sur mon site d’autrice et de blogueuse lifestyle, sur lequel je partage au quotidien ma manière poétique d’habiter le monde !