Ressentir, de Gretchen Rubin

Ressentir, de Gretchen Rubin

5 sens à explorer, pour vivre pleinement

Ce jour-là, j’avais peut-être trouvé un moyen de me sortir du brouillard chronique de mes préoccupations : j’allais entreprendre de voir, d’entendre, de sentir, de goûter et de toucher le monde qui m’entoure afin de vivre plus pleinement dans mon corps au lieu de rester dans ma tête. Je savourerais les sensations pour elles-mêmes, et, plus encore, j’utiliserais l’intensité et la puissance émotionnelle de ces sensations pour me connecter aux autres, et aussi à moi-même.

Gretchen Rubin est spécialiste du bonheur, et comment le trouver : autant dire que depuis que je l’ai découverte, je trouve beaucoup de similitudes entre son travail et le mien. Son essai sur les habitudes m’ayant beaucoup fait réfléchir, j’ai eu très envie de découvrir ce livre sur les Cinq sens, sorti récemment.

Les cinq sens, la sensorialité, c’est un sujet essentiel pour moi, j’en parle tout le temps et je suis toujours à la recherche de nouvelles expériences, et de manières d’approfondir ma connexion avec eux.

Il se trouve, en outre, que je suis actuellement en train de travailler sur la nouvelle mouture de l’Invitation à un voyage sensoriel, en vue d’en faire un livre, dans la série des Voyages Poétiques. Mon intérêt pour cet essai était donc aussi d’enrichir ma propre réflexion, comme je l’avais fait avec Le livre des sens de Diane Ackerman.

Je m’y suis donc plongée, non d’ailleurs sans une certaine appréhension : quand on lit un auteur sur un sujet qui est aussi le nôtre, on ne peut pas passer outre cette crainte qu’il dise déjà ce qu’on voulait dire, et ici je me disais que Gretchen Rubin proposait peut-être le même type d’outils que moi. Ce n’est pas le cas.

L’essai s’ouvre sur deux chapitres introductifs sur l’importance des sens, et la volonté d’approfondir son expérience sensorielle : l’autrice sort de chez son ophtalmo, qui lui a appris que sa myopie sévère risquait un jour de provoquer un décollement de rétine et lui faire perdre la vue. Risque qui lui fait prendre conscience que ce qu’elle tient pour acquis ne l’est pas, et elle s’engage à en profiter davantage.

Elle commence alors à explorer plus profondément chacun de ses sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, et le toucher, en menant des recherches, en multipliant les expériences, et notamment celle d‘aller au Met chaque jour, pour se reconnecter à ses différentes sensations.

Habiter sensoriellement le monde

Cet essai m’a fort réjouie, et a suscité chez moi cette réflexion que Gretchen Rubin faisait un métier formidable, qui lui permet d’explorer à fond tous les sujets qui l’intéressent et de multiplier les expériences passionnantes tout en « travaillant ». J’ai hâte que ce soit le mien à temps plein.

Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est la manière dont Gretchen Rubin allie réflexion (avec notamment une analyse assez précise de chaque sens d’un point de vue neurologique) et expérience, et dont elle part d’elle-même et de son rapport à ses sens pour entraîner le lecteur à sa suite. Son mantra, on l’aura compris, est l’indispensable connaissance de soi pour avancer dans la vie et se relier aux autres.

Un exemple m’a particulièrement frappé parce qu’il a eu un effet synchronicité : celui de la musique. Cela m’a amusée parce que j’ai lu le chapitre qui est consacré à l’ouïe le lendemain de ma propre découverte révolutionnaire sur le sujet, et que Gretchen Rubin part justement du fait qu’elle-même n’écoute pas de musique. Pour d’autres raisons que moi, cela dit.

Dans l’ensemble, cet essai m’a beaucoup fait réfléchir, m’a donné beaucoup d’idées de nouvelles expériences à tenter (j’en ai déjà essayé quelques unes), de nouvelles choses à mettre en place dans mon quotidien pour remarquer davantage et donc apprécier davantage, et par fertilisation croisée cela m’a donné de nouvelles idées pour mon propre livre.

Et j’ai été très intriguée par cet outil, sorte de fil rouge, qu’elle appelle la « machine à muses » et qui d’après ce que j’ai compris sera le sujet de son prochain livre : autant dire que j’ai hâte !

Ressentir. 5 sens à explorer pour vivre pleinement ! (lien affilié)
Gretchen RUBIN
Traduit de l’anglais par Marion McGuinness
Leduc, 2024

2 commentaires

  1. Emilie dit :

    Comme tu le sais, j’apprécie les écrits de Gretchen Rubin, mais je dois dire que cette fameuse Muse Machine n’a rien de nouveau. Elle me fait penser aux stratégies obliques de Brian Eno. Je te copie ci-après leur présentation sur Wiki : Stratégies obliques (en anglais : Oblique Strategies), sous-titré « Plus de cent dilemmes qui en valent la peine » (Over one hundred worthwhile dilemmas) est un jeu de cartes conçu par Brian Eno et Peter Schmidt, dont la première édition date de 1975

    Aimé par 1 personne

    1. Oh merci, je vais creuser !

      J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.