Un rêve bleu
Son secret, c’est une peinture dont la puissance a éclairé l’humanité depuis des millénaires. Grâce à elle, des milliers de femmes et d’hommes ont trouvé la force de réaliser leurs rêves. La Grotte bleue est derrière chaque grande invention, chaque mutation des sociétés humaines. Grâce à elle, notre espèce ne s’est pas éteinte, elle a pu continuer à s’élever et à s’unir. C’est dans cette grotte magique que j’ai puisé l’idée de la Révolution bleue. Le sens de ma vie m’y a aussi été révélé. Chacun de mes choix, chacune de mes rencontres avait en fait une signification cachée.
Vous connaissez peut-être mon amour infini pour Le Petit Prince, amour que je partage avec beaucoup d’ailleurs. Aussi lorsque l’autre jour, dans le podcast Métamorphose d’Anne Ghesquière, j’ai entendu Jean-Pierre Goux parler de son roman, où le récit de Saint-Exupéry tient une place essentielle, ma curiosité a été titillée.
Un roman difficile à résumer, d’autant que, comme j’ai fini par le comprendre, il est la suite d’un diptyque intitulé Le Siècle bleu, que je n’ai pas lu, ce qui n’est que très peu gênant cela dit.
Il est question d’un astronaute, Paul Gardner, qui, avant de mourir sur la Lune, laisse un message à l’humanité, s’engager dans la Révolution bleue. Ce qui pourrait sembler un simple changement de comportement des humains pourrait en fait, ce que Paul ne dit pas, entraîner le passage à un niveau supérieur, l’homo biospheris remplaçant homo sapiens.
Lucie Spencer et Abel Valdés Villazon, amis de Paul Gardner, sont au cœur de cette Révolution, ainsi que leur fille adoptive, Janie Tyler, « la petite princesse« . Mais si le mouvement fait des émules, il se heurte aussi à l’opposition des Chinois, qui vont tout faire pour qu’elle échoue.
Et si l’amour et les rêves pouvaient changer le monde ?
Ce qui précède est le résumé narratif (ce qui se passe dans le roman), mais j’avoue que ce n’est pas ce qui m’a intéressée, l’aspect thriller politique me passant un peu au-dessus. En revanche, j’ai été passionnée par toutes les idées et concepts qu’explore le texte, avec une grande érudition, ouvrant de nombreuses pistes de réflexions.
Tout d’abord, Le Petit Prince comme clé de transformation de l’humanité, et je conseillerais d’ailleurs de lire le roman avec un exemplaire à proximité (je ne manque pas de Petit Prince puisque, comme Paul, je les collectionne). Ce n’est pas un hasard s’il est l’ouvrage le plus traduit dans le monde, avec la Bible : il contient un message, celui des rêves et de l’amour qui peuvent agir sur le réel, en changeant les consciences. Certains s’en servent même comme d’un oracle.
J’ai aussi aimé la réflexion sur la couleur bleue, et notamment le bleu Klein, qui m’a interrogée sur mon propre lien à cette couleur que j’aime mais que, pourtant, je n’utilise pas du tout (je n’en ai pas dans ma décoration, je n’en porte que très peu), et celle sur la musique, capable de relier les êtres et de les faire communier (et j’ai été amusée par la synchronicité avec ma propre réflexion sur le sujet).
Enfin, j’aime assez l’idée de l’âme du monde, à laquelle chacun pourrait se relier : c’est assez proche de ma propre conception de la spiritualité et du divin, et cela m’a donc touchée. Surtout que le divin, ici, c’est Gaïa, la Grande Déesse mère.
Néanmoins, d’autres points m’ont un peu gênée : je crains un peu de voir arriver certaines tartes à la crème de l‘ésotérisme. En outre, j’ai trouvé la fin très grandiloquente, et un peu facile pour tout dire.
Au final, ce roman m’a plu, c’est certain : je l’ai lu avec plaisir, il m’a nourrie et beaucoup fait réfléchir, m’a permis de creuser et affermir ma propre pensée, ce qui est exactement ce que je recherche. Est-ce que pour autant je lirai la suite ? Je ne sais pas : cela dépendra de qui je serai quand elle sortira !
La Révolution bleue. La Petite Princesse (lien affilié)
Jean-Pierre GOUX
Eyrolles, 2024
Caroline Doudet 