Cela faisait très longtemps que je ne vous avais pas proposé d’instant poétique, mais lorsque je suis tombée récemment sur ce magnifique poème de Sappho dans un ouvrage absolument passionnant dont je vous parlerai la semaine prochaine, j’ai eu envie de le partager avec vous.
Sappho est une poétesse grecque qui vécut au cours des VIIe et VIe siècle avant JC sur l’île de Lesbos. Elle est particulièrement connue pour être l’une des premières femmes écrivaines voire la première, et pour sa poésie amoureuse, dans laquelle elle manifeste son attirance pour les jeunes filles, ce qui n’a rien de scandaleux à l’époque, mais on en a tiré le terme de « saphisme » pour désigner l’homosexualité féminine, ou de « lesbianisme », du nom de l’île où elle a vécu.
Et le poème que je vous propose aujourd’hui est un petit bijou de poésie amoureuse, où l’émotion à la vue de celui ou celle que l’on aime est magnifiquement traduit. Il s’intitule « A une aimée » :
Il goûte le bonheur que connaissent les dieux
Celui qui peut auprès de toi
Se tenir et te regarder,
Celui qui peut goûter la douceur de ta voix,Celui qui peut toucher la magie de ton rire,
Mais moi, ce rire, je le sais,
Il fait fondre mon cœur en moi.Ah ! moi, sais-tu, si je te vois,
Fût-ce une seconde aussi brève,
Tout à a coup alors sur mes lèvres
Expire sans force ma joie.
A mon oreille un bruit a bourdonné.Je suis de sueur inondée,
Tout mon corps se met à trembler,
Je deviens plus verte que l’herbe,
et presque rien ne manque encore
Pour me sentir comme une morte.Traduit du grec ancien par Robert Brasillach In Anthologie de la poésie grecque (Editions Stock, 1950)









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