En mots et en images : mai 2020

Les mots…

Un petit brin de muguet porte-bonheur // C’est le mois où l’on s’aime // Un peu de magie // Cueillette de fleurs de sureau // Juste de l’amour // Bleu // Regarder droit devant // Banana bread histoire de faire comme tout le monde // Un bouquet de pivoines, enfin // Les premières cerises // Et encore des fraises // Pleine lune en Scorpion : mourir, renaître // Libérée, délivrée, mais masquée (et ça ne me convient pas) // Creativity every day // C’est méditatif, de regarder les couleurs d’aquarelle se mélanger // Promenade du dimanche. Vibrer comme une immense lyre et retrouver un semblant d’harmonie au milieu de cette débauche florale colorée, parfumée et bourdonnante // Un autre bouquet de pivoines tout pomponnant // Et une jolie plante aux feuilles roses // (T’)écrire // La source de la créativité // Promenade du dimanche et l’odeur du chèvrefeuille // C’est pas trop tôt ! // J’aime quand mes intuitions profondes se vérifient // Moi ça me va très bien comme ça // Lire, écrire, peindre : ça c’est la vraie vie // Les petites tomates cerises qui poussent // Promenade du dimanche. Petit jardin secret sauvage et désert. L’éclat des hortensias et l’odeur du jasmin…

Sur une idée originale de Moka

Les images…

Et maintenant (donc) ?

Cela fait presque 15 jours que nous pouvons à nouveau sortir de chez nous. Je ne sais pas ce que vous avez fait, vous, mais de mon côté je n’ai pas l’impression que ce déconfinement ait changé grand chose : j’ai continué de rester chez moi le plus possible. La grande différence c’est que je n’ai plus le papier à remplir. Mais je continue à sortir très peu, à privilégier le drive tous les 15J pour le gros plein (je n’ai pas mis les pieds dans un vrai supermarché depuis début mars) et une fois par semaine mes petits commerçants, et à prendre mes rendez-vous en visio. Et le « télétravail » bien sûr.

Bon j’exagère un peu : je sors faire ma promenade à pieds le dimanche, je m’achète à nouveau des fleurs, je suis allée dans une jardinerie. Et c’est tout. Pas encore d’apéro dans le jardin ou sur la terrasse d’amis (mais ça va venir hein), pas de visites. Et pas de magasins à part la nourriture : dans les faits, s’il y a un truc dont j’ai horreur, c’est bien faire la queue, et le deuxième, c’est le masque (je le porte a minima : dans les magasins de nourriture donc, mais c’est un supplice, j’étouffe et ça m’angoisse) donc non, je ne vais pas aller faire la queue pour acheter des bidules dont je n’ai pas besoin (même des livres : désolée je ne peux pas encore imaginer aller dans une librairie et ne pas pouvoir flâner le nez au vent : je préfère ne pas y aller du tout). J’avais besoin de matériel créatif et je l’ai fait livrer (en même temps je ne sais pas trop où j’aurais trouvé tout ça). Je ne suis pas encore allée au parc floral.

Mais bon, tout ça ça va se tasser. Je vais bien arriver à sortir. Un peu. Enfin c’est prévu. Des apéros. Voir des gens.

Pour les vacances j’ai réussi à trouver un compromis, et j’ai réservé hier (en France, presque au Cap-Ferret), ça ne sera clairement pas comme d’habitude, je « sens » qu’il y aura autre chose de nouveau dans ma vie (et de bien, un endroit où j’ai envie d’aller depuis très longtemps mais c’est une surprise et surtout, je n’en sais pas plus). Et pour le travail… je navigue plus ou moins à vue, on verra si mes intuitions se vérifient !

Bref, la vie reprend, un peu, autrement, mais pour ma part je n’ai pas trop envie de repartir trop vite. En fait, je me suis rendu compte que ce qui me faisait le plus peur, dehors, ce n’était pas le virus lui-même, c’était tout ce qui était mis en place pour s’en protéger et qui du coup fait que ce n’est pas vraiment la vie, alors je préfère encore rester dans ma bulle…

Et vous, ça se passe comment ?

Masqué, démasqué…

Quelle histoire, ces masques ! C’est le truc dont on ne cesse d’entendre parler ces derniers jours, tout le monde fait une fixette dessus c’est impressionnant.

Mais non, je ne vais pas vous parler de ces histoires de pénurie, de où trouver un masque et comment. Ce qui m’intéresse, c’est la valeur symbolique que je trouve une nouvelle fois absolument passionnante.

Le confinement, en tant que parenthèse nous ayant permis de faire face à nous même, nous a mis à nu. Telle Inanna (pas ma voiture, la vraie déesse) descendant aux Enfers et se défaisant de ses atours de pouvoir, nous nous sommes (plus ou moins) défaits de nos attachements, de nos apparences, de nos faux-self pour entrer dans une certaine authenticité et intégrité. Oui, nous avons enlevé nos masques, qui parfois tenaient très forts à notre visage, comme collés à la glu. C’est pour cela que c’est si difficile pour certains d’entre nous (j’ai fait des recherches : je ne suis pas la seule et de loin) d’imaginer revenir dans une vie de mensonge, dans laquelle nous jouons un rôle qui ne nous convient pas. D’imaginer continuer à faire semblant, et remettre un masque.

Le confinement, en nous secouant, en nous confrontant, en nous empêchant de nous fuir nous-même, nous a démasqués. Combien de gens ont découvert au fond d’eux, bien caché, qu’ils aimaient rester tranquillement chez eux le soir plutôt que de courir sans cesse d’un apéro à un autre ? Qu’en fait ils détestaient la ville et voulaient vivre un peu plus dans la nature ? Que cuisiner est une activité gratifiante et sympa ? Qu’ils pouvaient tout à fait se passer de tous ces trucs qu’ils achètent à longueur de journée ? Combien au contraire ont découvert qu’en fait ils n’aimaient plus leur conjoint, qu’ils détestaient leur vie etc. ?

Bien sûr, certains vont (dans un premier temps et en apparence : la graine est semée, elle va pousser) enfouir tout ça à nouveau bien profondément, faire comme s’ils n’avaient pas vu, remettre leur masque et reprendre la vie telle qu’elle était avant en s’offrant par exemple un peu de shopping. Mais d’autres vont avoir un peu de mal, et quand je dis ça c’est un euphémisme. Parfois ce n’est pas très beau à voir, ce qu’il y avait sous le masque, et il y a tout un tas de cicatrices purulentes à soigner. Mais parfois c’est un trésor, qu’on n’a plus envie de cacher : on n’a plus envie de faire semblant d’être qui on n’est pas pour faire plaisir aux autres, pour être aimé, pour ne pas être rejeté, pour « entrer dans le moule » alors que notre trésor c’est justement de déborder du moule. Bah  non, on n’a plus envie. On refuse de continuer à porter un masque.

Et regardez cette coquine de vie, ce qu’elle fait : elle nous oblige quand même à en porter un, de masque, pour sortir. Comme une espèce de transition, pour ne pas que ces gens qui sortent dans la rue comme ça, nus et authentiques, ça soit trop effrayant. Un masque matériel pour remplacer un masque symbolique. Un qui nous gêne tout de même un peu, désagréable, qui empêche globalement de respirer, de parler, de voir les expressions du visage, mais qui est tout de même indispensable. Un qu’on ne peut pas oublier, mais qu’on peut enlever facilement pour respirer : histoire de nous rappeler que le masque qui tenait le plus fortement à nous, et qui nous empêchait de vivre, on a réussi à l’enlever, qu’on est fort, et qu’on est quand même mieux sans masque — et bientôt, tout le monde pourra enlever le sien !

Et maintenant ?

Alors voilà. La porte est ouverte, pas complètement mais un peu quand même. On ne peut pas partir loin, mais on peut sortir sans remplir cette p*** d’attestation, une vraie plaie (à chaque fois pour aller faire les courses je l’oubliais et je remontais chez moi en urgence la chercher, ce qui me mettait très très en colère). Fin de la parenthèse, de ce temps suspendu dont chacun a fait ce qu’il a pu. Nous avons été forcés à hiberner, comme des nounours dans leur grotte. Nous avons été privés de printemps. Obligés de descendre en rappel dans notre enfer pour affronter nos ombres : c’est le sens de la pleine lune en scorpion de jeudi dernier.

Certains ont fait du pain. Du yoga. Du jogging. Regardé Netflix. Organisé des apéros virtuels. Jardiné. Pleuré. Aimé.

Moi j’ai beaucoup dessiné, peint, écrit (et aimé, mais c’est mon état naturel). Et je vais continuer puisque je ne vais pas reprendre le travail tout de suite, donc je vais rester semi-confinée : j’envisage une percée dans une jardinerie car il me manque quelques trucs, une librairie peut-être, un grand tour du parc floral parce que j’ai besoin d’air et d’exercice physique, mais je pense que je vais surtout continuer à rester sagement chez moi, parce que c’est le lieu où je suis le mieux, et où j’ai des choses intéressantes à faire.

En vrai, j’ai été très bien pendant cette période. Personne autour de moi n’a été touché, ce qui évidemment est la condition essentielle, mais surtout j’ai ressenti une véritable libération de pouvoir rester chez moi au lieu d’aller subir un travail que je déteste de plus en plus, où je ne suis pas à ma place, et je ressens comme une espèce de panique monter à l’idée d’y revenir alors qu’en fait je suis tellement bien à faire des choses qui ont du sens pour moi et, soyons clairs : à faire des choses qui sont dans ma mission de vie. Oui ma terreur la plus grande actuellement est que la vie reprenne sans voyages, sans restaurants, sans gens que j’aime, bref sans les belles choses de la vie, mais avec ce travail qui n’a plus aucun sens pour moi et qui est devenu une torture (dès que j’y pense mon taux vibratoire fait une plongée en eaux profondes et je suis violemment sortie de mon axe). Et j’en prends acte, qu’il est évidemment urgent de faire autre chose, mais pour l’instant je ne sais pas vraiment quoi. Enfin, j’ai des idées, mais la période n’aide pas à les mettre en place, et il est trop tard pour certaines demandes. On verra.

Mon intuition profonde (et certains d’entre vous que j’ai déjà scotchés avec ce genre de prévisions  sorties de nulle part et a priori irréalisables savent que je ne parle pas en l’air) est que c’est, effectivement, terminé pour moi (le problème c’est que ça l’est déjà énergétiquement depuis un bon moment déjà) et qu’autre chose m’attend et va se dévoiler très vite. J’ai envie d’avoir confiance : il peut s’en passer, des choses, d’ici septembre ! Enfin septembre… en fait, je pense que beaucoup de choses se passeront au solstice d’été, pas seulement pour moi d’ailleurs, alors on va mettre une bouteille de champagne au frais pour les jours meilleurs ?

On ne fait pas pousser une fleur plus vite en tirant sur sa tige…

L’autre soir, j’étais un peu agacée (un euphémisme s’est caché dans cette expression, saurez-vous le retrouver ?). Disons que depuis le début je suis agacée par certaines choses, mais l’autre soir ça a débordé. C’était une histoire de réouverture des fast-food et de queue de plusieurs kilomètres. Et surtout, de ceux qui commentaient « ah ben avec des imbéciles comme ça, il n’est pas prêt à arriver, le monde d’après ».

Alors déjà, le monde d’après, comme on dit, ce n’est pas la marraine de Cendrillon qui change une citrouille en carrosse hein : c’est un processus, sans doute un peu long, qui vient de s’enclencher, avec une prise de conscience et un chemin différent pour tous. Et ce dont il est question, à mon avis, c’est d’une chose bien plus importante que ce que chacun mange : c’est de notre attitude envers l’autre, et prioritairement d’arrêter de le juger à tout bout de champ parce qu’on n’est pas lui, qu’on ne sait pas ce qu’il traverse et que ses choix, ses actes qui nous paraissent incompréhensibles de l’extérieur ne le sont peut-être pas de l’intérieur.

Bref, chacun fait de son mieux, en fonction de ses possibilités, et ce n’est certainement pas en critiquant ceux qui n’agissent pas comme nous pensons qu’il faut agir (et qui n’est peut-être pas la bonne solution, en plus, et que si ça se trouve d’autres vont critiquer) que nous allons les changer (je dirais même que c’est l’inverse) : on ne fait pas pousser une fleur plus vite en tirant dessus. Par contre, on peut l’arroser et ne pas lui cacher le soleil !

Bref, un peu plus de bienveillance ne ferait pas de mal. Moins juger les autres. Ce qui n’est pas facile : moi-même là je suis en train de juger ceux qui jugent. Alors il ne s’agit pas bien sûr d’accepter sans ciller tous les comportements (enfin certains disent que si si, mais nous n’en sommes pas là). La bienveillance est parfois difficile, de mon côté mon travail me fait petit à petit perdre la mienne et c’est une des raisons pour lesquelles je veux partir (une raison parmi beaucoup), et sans doute est-il difficile d’être bienveillant 100% du temps. Sans doute est-ce difficile de ne pas juger et critiquer la manière dont les autres agissent, et leurs choix ; de ne pas se juger et se critiquer soi, aussi, d’ailleurs (et on me souffle à l’oreille que lorsque les actions de quelqu’un nous mettent hors de nous c’est parfois nous-même que nous jugeons) ; de ne pas être blessé par les jugements des autres, également, mais c’est un problème à part.

Alors arrêtons de tirer sur les fleurs : ça ne fonctionne pas. Arrosons-les, plutôt, et agissons comme nous pensons qu’il faut agir, et peut-être inspirerons-nous 2-3 personnes, qui inspirerons 2-3 et 2-3 et c’est comme ça (les bonnes idées peuvent se propager, tel un virus) que le changement viendra, s’il doit venir…

La sensualité du monde…

L’un des effets les plus évidents pour moi de ce confinement, c’est que je me sens beaucoup plus attentive à ce qui m’entoure, et beaucoup plus finalement dans le moment présent. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai été aussi déconcertée par l’apparition des pivoines : vu le temps que je passe à observer chaque petit changement dans le jardin au fil de la saison qui avance, je ne comprends pas comment j’ai fait pour ne pas les voir, d’où mon hypothèse magique. Cette attention est avant tout visuelle, et c’est peut-être un effet aussi de mon atelier photo : je suis tout le temps en train de regarder les choses sous tous les angles, et de photographier. Les lumières, les reflets. Je travaille aussi beaucoup sur les couleurs : essayer d’en saisir les moindres nuances, faire des mélanges de peinture pour avoir ce que je veux. Plus que d’habitude, j’ai besoin que tout autour de moi soit beau et harmonieux ! Je passe une partie de mon temps à réarranger la décoration, et je pense que le jour de réouverture des fleuristes je vais me précipiter pour m’offrir un bouquet de pivoines !

Mais ce n’est pas seulement le beau : plus que jamais je suis attentive à mes autres sens et à la manière dont ils sont sollicités. Un peu comme lorsque je suis en voyage et que tout est tellement nouveau que tous mes sens sont en alerte.

J’ai besoin que ça sente bon, et je fais un usage certain des huiles essentielles (geranium rosat) en diffusion dans la chambre. L’odeur du linge propre qui sèche, un peu de parfum (j’éprouve le besoin d’en mettre une touche même chez moi, quelque chose de très léger à la verveine et au cédrat, ou l’escale a Portofino de Dior qui est mon parfum des belles saisons), l’odeur du pot de muguet sur mon bureau, et puis venant de l’extérieur lorsqu’il fait beau et que les fenêtres sont ouvertes la douce odeur du sureau, les roses qui embaument juste sous la fenêtre de ma chambre, une feuille de menthe que j’écrase sous mes doigts, ou le basilic. L’odeur du repas en train de mijoter.

Les sons, c’est moins évident, je sais néanmoins gré à mes voisins de ne pas être bruyants (je pense que certains ne sont pas là du tout, en fait). Mais j’aime à la folie le chant des oiseaux dans le sureau le matin quand je me réveille et puis après tout au long de la journée, le bruit de la pluie, la chanteuse lyrique qui donne de la voix quelques minutes tous les soirs après 20h.

Les goûts, bien sûr. Je crois qu’on en est tous là : le besoin de se faire plaisir avec la nourriture, et là nous arrivons à la saison où les aliments ont tellement plus de saveurs que l’on est ravis avec des plats d’une totale simplicité : des radis avec du bon pain et du beurre, des asperges servant de mouillettes à des œufs à la coque, quelques tomates et de la mozzarella. Un verre de vin frais. J’ai aussi fait des beignets de fleurs de sureau, délicieusement parfumés, dont je vous reparlerai dimanche. Et les fruits : les fraises, les abricots qui commencent à arriver, juteux et sucrés.

Et le toucher : s’envelopper dans un plaid tout chaud et doux parce qu’il fait frais ou au contraire s’offrir à la caresse du soleil, se glisser dans les draps propres et poser la tête sur l’oreiller moelleux, enfiler une chemise soyeuse…

Une des choses que j’essaie de penser à faire, dans la journée, c’est : m’arrêter, et faire le point sur toutes mes sensations, ce que j’ai sous les yeux, ce que je sens, ce que j’entends, quel goût j’ai dans la bouche, quelle sensation sur ma peau ! Cela permet de sortir du mode automatique, d’être vraiment dans le moment présent, et d’apprécier ce qui nous entoure : c’est ce qu’on appelle la pleine conscience et c’est un formidable catalyseur de joie. Cela permet, aussi, de se reconnecter à son corps, de s’ancrer pleinement dans le vivant, dans le charnel… dans le sensuel, et pour moi c’est absolument essentiel en ce moment.

Quarantièmes rugissants, cinquantièmes hurlants, soixantièmes déferlants

On vient de franchir le quarantième jour du confinement (une quarantaine au sens strict, donc). 40 jours de réflexions, de plongée en soi, de secousses émotionnelles. 40 jours. Dans la Bible c’est le temps de l’épreuve : 40 jours de déluge, 40 jours dans le désert, 40 jours de carême, 40 jours entre la résurrection et l’ascension. C’est beaucoup, 40 jours, et en même temps c’est peu pour se retrouver face à soi, faire le bilan, affiner ce que l’on veut et ce que l’on ne veut plus.

Et ça m’a fait penser à la navigation, parce que je me sens en pleine tempête, au cours de ce qui est un voyage que je considère comme spirituel (enfin pas que : je mange beaucoup aussi, mais restons sur le spirituel). Aux quarantièmes rugissants et cinquantièmes hurlants et soixantièmes déferlants : ces vents mythiques de l’océan austral qui constituent des obstacles redoutables lors des courses océaniques, des épreuves à traverser et qui façonnent à jamais le navigateur. Le Cap Horn, au 56e degré, en est le symbole. Un rite de passage.

Et, oui, ça rugit. C’est comme une déferlante. Les peurs. La tristesse. Et encore la colère : plus je creuse, et plus je trouve des couches de colère, ça s’agite, ça remue, ça gronde, ça explose parfois sous des prétextes bizarres, et puis ça se calme, et ça revient. C’est épuisant, d’autant que certaines de ces colères sont archaïques, remontent à la nuit des temps et ne m’appartiennent pas vraiment. D’autres sont vraiment à moi, mais j’ai du mal à savoir quoi en faire. En alchimie, on parle de transmutation : comment transmuter ma colère, ma rage contre ce qui ne me convient pas dans ma vie (et qui est ce qui va y revenir le plus vite malheureusement), mon sentiment d’impuissance, en quelque chose de créateur et d’utile ?

Je ne sais pas encore. Pour l’instant je brave la tempête : il y a encore du chemin avant le Cap Horn. Traversons. AtraversiamoGardons le cap, surtout : ne dévions pas du chemin, ne pensons pas au naufrage et avançons droit devant, en nous focalisant sur les petits moments de joie pour casser cette spirale infernale des sentiments négatifs et ne pas nous laisser engloutir par les vagues. Fluctuat, nec mergitur dit la devise de Paris, alors faisons pareil même si chaque jour semble un peu plus compliqué que le précédent.