Instantané : à l’eau

Enfin : je suis officiellement en vacances ! Je vais pouvoir m’adonner à des activités qui me plaisent et me nourrissent, et je regarde avec impatience les photos de mer : plonger dans l’eau fraîche, nager, faire du paddle, me reconnecter à l’élément qui est le plus important pour moi : j’ai hâte (même si j’ai aussi prévu d’autres trucs chouettes ailleurs qu’à la mer) !

En mots et en images : août 2021

Les mots…

Entre deux averses // Le jour des huîtres // Jolies promenades // L’inspiration des bateaux et un safari photo maritime // Les glaces sur la jetée et la beauté sauvage du Cap-Ferret // Dire aurevoir // Le début d’une collection de machines à écrire // Poésie du soir // La possibilité d’une île // Enfin le beau temps, la chaleur, se plonger dans l’océan // Et ces couleurs // La chasse aux coquillages et aux galets en forme de cœur // Le jour des huîtres, bis // La magie des couchers de soleil // Les champs de tournesols // Jacuzzi et soirées entre amis // La tradition et le plateau de fruits de mer du 15 août // A la maison // Batteries à plat // Vénus et la Pleine Lune // Astrologue // Mort subite (de mon ordinateur) // C’est bien, c’est plus rapide // Sortir la tête // Emerveillement // Plus précieux que l’air que je respire // Le dernier jour de liberté.

Les images

Se ressourcer

Les autres années, je ne fais pas vraiment de pause estivale sur le blog, au sens où je programme mes articles avant de partir (je crois que le vide me fait un peu peur) mais cet été, j’ai décidé de lâcher prise. Encore que « décidé » ne soit pas tellement le mot, j’ai surtout totalement manqué d’énergie pour le faire, et c’est bien la raison pour laquelle cette pause est nécessaire : me ressourcer et remplir mon chaudron. Donc je vais aller nettoyer toute cette fatigue émotionnelle et psychique plus que physique générée par cette année compliquée en me déterritorialisant ici et là, en retrouvant mon élément vital, l’eau, en nageant, en barbotant dans le jacuzzi, en faisant du paddle, en mangeant des huîtres et des glaces, en paressant sur la terrasse et en buvant l’apéro. J’ai juste prévu le « en mots et en images » et peut-être un ou deux Instantané. Et je serai sur Instagram.

Donc je vous souhaite un très bel été, et on se retrouve normalement le 16 août !

Destination : vacances

On va faire au mieux pour que tout soit non pas comme d’habitude mais presque. Alors on va partir quelques jours, ici et là, pas tout à fait au même endroit (mais presque !), et puis sur une île qu’on connaît mais où on n’est pas allé depuis quelques années. Pas mettre le blog en pause, mais presque : juste le bilan mensuel après-demain, et quelques petits coucou de temps à autre.

On va essayer d’en profiter le plus possible, faire le plein de beauté, de douceur, de calme, de plage et d’eau salée… En profiter pour se reposer parce que je suis littéralement à plat, pas tant physiquement qu’émotionnellement, et j’ai besoin de changer un peu d’air !

Bel été à tous !

Quarantièmes rugissants, cinquantièmes hurlants, soixantièmes déferlants

On vient de franchir le quarantième jour du confinement (une quarantaine au sens strict, donc). 40 jours de réflexions, de plongée en soi, de secousses émotionnelles. 40 jours. Dans la Bible c’est le temps de l’épreuve : 40 jours de déluge, 40 jours dans le désert, 40 jours de carême, 40 jours entre la résurrection et l’ascension. C’est beaucoup, 40 jours, et en même temps c’est peu pour se retrouver face à soi, faire le bilan, affiner ce que l’on veut et ce que l’on ne veut plus.

Et ça m’a fait penser à la navigation, parce que je me sens en pleine tempête, au cours de ce qui est un voyage que je considère comme spirituel (enfin pas que : je mange beaucoup aussi, mais restons sur le spirituel). Aux quarantièmes rugissants et cinquantièmes hurlants et soixantièmes déferlants : ces vents mythiques de l’océan austral qui constituent des obstacles redoutables lors des courses océaniques, des épreuves à traverser et qui façonnent à jamais le navigateur. Le Cap Horn, au 56e degré, en est le symbole. Un rite de passage.

Et, oui, ça rugit. C’est comme une déferlante. Les peurs. La tristesse. Et encore la colère : plus je creuse, et plus je trouve des couches de colère, ça s’agite, ça remue, ça gronde, ça explose parfois sous des prétextes bizarres, et puis ça se calme, et ça revient. C’est épuisant, d’autant que certaines de ces colères sont archaïques, remontent à la nuit des temps et ne m’appartiennent pas vraiment. D’autres sont vraiment à moi, mais j’ai du mal à savoir quoi en faire. En alchimie, on parle de transmutation : comment transmuter ma colère, ma rage contre ce qui ne me convient pas dans ma vie (et qui est ce qui va y revenir le plus vite malheureusement), mon sentiment d’impuissance, en quelque chose de créateur et d’utile ?

Je ne sais pas encore. Pour l’instant je brave la tempête : il y a encore du chemin avant le Cap Horn. Traversons. AtraversiamoGardons le cap, surtout : ne dévions pas du chemin, ne pensons pas au naufrage et avançons droit devant, en nous focalisant sur les petits moments de joie pour casser cette spirale infernale des sentiments négatifs et ne pas nous laisser engloutir par les vagues. Fluctuat, nec mergitur dit la devise de Paris, alors faisons pareil même si chaque jour semble un peu plus compliqué que le précédent.

Instantané #81 (la fille aux coquillages)

Au printemps, je voulais faire une photo de coquillages, et je me suis rendu compte que je n’en avais plus que très peu : j’avais pas mal de galets glanés ici et là, mais mes trésors s’étaient perdus. Je ne sais pas pourquoi ces dernières années je n’en avais pas ramassé.

Alors ce fut une de mes occupations de l’été. De longues promenades à marée basse pour trouver des coquillages : sur le bassin, derrière le Mimbeau, dans les parcs à huîtres ; à l’océan surtout, près des blockhaus où les vagues les apportent en quantité. Ce fut une activité émerveillante (je ne comprends pas pourquoi ce mot n’existe pas : et bien tant pis, je l’invente), l’impression de retrouver mon âme d’enfant. Les regarder tous, la variété des formes, des tailles, des couleurs. Dans une même espèce chacun est unique (sauf si on trouve une coquille double), tout en ressemblant à son voisin.

Émerveillement de trouver ce que je ramassais déjà petite : les coques, les roudoudous, les palourdes, les bigorneaux, de très belles coquilles d’huître façonnées par les vagues) ; émerveillement de ramasser à foison ceux qui étaient forts rares à l’époque : les nacres, les petites ailes de papillon, les tellines) ; et puis déception un peu de ne pas trouver certains d’entre eux : les couteaux notamment étaient très rares. Un après-midi, mon père est allé en chercher quelques uns dans l’idée d’aller à la pêche (chez nous on ne les mange pas), là encore une activité de vacances quand j’étais enfant ; il est revenu avec un seau de coques que j’ai cuisinées avec des linguine, faute d’avoir croisé un seul couteau. Je n’ai pas trouvé non plus de coquilles Saint-Jacques, ni de ces longs coquillages en colimaçon.

La nature m’a néanmoins offert une merveille comme elle seule les produits : toute à ma recherche, j’ai vu un jour arriver à mes pieds, apportés par une vague, une merveille de coquille dentelée par les années et qui m’a éblouie :

Coquillage en dentelle offert par une vague
Coquillage en dentelle offert par une vague

Au retour, je les ai lavés et séchés avec amour, puis je les ai à nouveau regardés un par un en essayant de les classer par variété, par taille, par couleurs. Cela m’a pris une bonne partie de la journée, concentrée comme rarement, comme si je faisais un mandala. Ensuite, je les ai rangés dans de petits pots qui trônent dans ma bibliothèque. Certains diront que ça tient de la place ; moi je dis que c’est joli, poétique, et que ça apporte de la joie. Ce n’est pas seulement un « souvenir de vacances » : c’est aussi un moyen pour moi de rester reliée à mon élément, l’eau, l’océan, lorsque je suis loin de lui, pendant les saisons intérieures dont je vous parlais mercredi.

Cet hiver, je les ressortirai, et armée d’un bon livre sur le sujet, j’essaierai de trouver le vrai nom de ceux que je ne connais pas : je crains fort en effet que « roudoudou » ne soit pas très scientifique comme appellation. Et cette activité me rendra heureuse !

Allons voir la mer avec Doisneau : le goût de la photographie maritime

Photographe : petit bonhomme solitaire qui prend l’homme pressé par le bras et lui montre le spectacle gratuit et permanent de la vie quotidienne. (Robert Doisneau, « La défense du 6×6 » dans Point de vue, Images du monde, 1953)

De Doisneau, on connaît surtout les images iconiques, Les amoureux de l’hôtel de ville ou ses photos d’écoliers. Moins ses photos maritimes, alors que ce fut un thème important dans son travail. Et quand, comme moi, on est amoureux de la mer et qu’on prend un plaisir intense à la photographier, on ne peut que s’intéresser à ce beau livre.

Ce livre propose donc une plongée dans le travail d’un photographe de génie, ses choix, sa conception de son art (même si lui ne se considérait pas comme un artiste), à travers un de ses thèmes, qui offre aussi l’occasion d’un panorama sur l’histoire de la photographie maritime. Essentiellement constitué de photos d’agence pour servir de stock, puisque Doisneau était était avant tout reporter-illustrateur, le travail de Doisneau sur la mer illustre la conception qu’avait le photographe de ses sujets : photographe humaniste, il s’intéresse avant tout aux hommes et à leurs activités, la mer étant surtout un fond, un paysage pour les métiers de la mer ou les vacances en famille.

Même en noir et blanc, ces photographies sont un régal pour les yeux grâce à leur parfaite maîtrise des cadrages, de la lumière, mais aussi leurs choix de sujets qui illustrent bien une période particulière de l’histoire et le bonheur d’être à la mer. Les photographies sont complétées de textes extrêmement intéressants, et du témoignage de Francine Deroudille, la fille de Robert Doisneau, qui apparaît sur nombre de photographie. Un très bel objet donc, parfait pour la table basse, et qui fera sans doute un très beau cadeau de noël pour un passionné de photographie et de mer !

A noter que, à l’occasion de la sortie du livre, les éditions Glénat présentent une exposition de 80 photographies extraites de cet ouvrage au Couvent Sainte Cécile à Grenoble, jusqu’au 19 janvier 2019.

Allons voir la mer avec Doisneau
Textes d’Angelina Meslem
Glénat, 2018