L’insoutenable légèreté de l’être, de Milan Kundera

L’essence de l’être

Et une fois encore, je le vois tel qu’il m’est apparu au début de ce roman. Il est à la fenêtre et regarde dans la cour le mur de l’immeuble d’en face.
Il est né de cette image. Comme je l’ai déjà dit, les personnages ne naissent pas d’un corps maternel comme naissent les êtres vivants, mais d’une situation, d’une phrase, d’une métaphore qui contient en germe une possibilité humaine fondamentale dont l’auteur s’imagine qu’elle n’a pas encore été découverte ou qu’on n’en a encore rien dit d’essentiel.
[…] Les personnages de mon roman sont mes propres possibilités qui ne se sont pas réalisées.

Cela faisait une éternité que ce roman de Milan Kundera attendait sagement que me sente prête à le lire. Je dis « prête » parce qu’à vrai dire il m’intimidait beaucoup, je sentais le chef-d’œuvre mais je craignais de ne pas être capable d’en appréhender tous les aspects, toute la profondeur. Et puis, un jour, j’ai senti, comme un besoin impérieux, que le moment était venu pour moi de le découvrir.

Comment résumer ce roman ? Et bien on ne peut pas, on ne peut en dire que le minimum : il s’agit d’un couple : Tereza, et Tomas, dont l’histoire nous est racontée de manière non-chronologique, et selon des points de vue distincts. Il y a aussi Sabina, amie et maîtresse de Tomas. Et Franz, un des amants de Sabina. C’est cela, et c’est bien plus encore…

Comment parler de ce roman ? Difficile aussi. Il est tellement vertigineux, tellement complexe, tellement lumineux. C’est une histoire d’amour, et en même temps, une profonde réflexion philosophique sur l’être et tout ce qui le constitue, l’amour, la légèreté, la pesanteur, le caractère vertigineux du choix  : on ne vit qu’une fois, il nous est donc impossible de comparer les différentes versions de l’existence et savoir si on a fait le bon.

La création

Ce roman postmoderne ouvre des perspectives littéraires comme l’uchronie, voire scientifiques avec la physique quantique, mais aussi philosophiques avec le mythe de l’éternel retour, qui nous permettrait de renaître avec le souvenir des expériences passées et donc de savoir quelles sont les conséquences de nos choix.

Il propose également un point de vue sur la création, la « mémoire poétique« … enfin, ce roman, c’est bien plus qu’un roman, c’est tout un monde qui s’offre au lecteur.

J’avoue qu’au début, j’ai été très déstabilisée par l’absence de chronologie, et le fait que les événements revenaient, vus par l’un, puis par l’autre. J’ai cru que je n’accrocherais pas. Et bien sûr le charme a opéré et je me suis totalement laissée transporter, à tel point que j’ai vraiment du mal à en parler clairement.

Si vous ne l’avez pas lu, lisez le, car cela vaut tous les grands discours !

L’Insoutenable légèreté de l’être (lien affilié)
Milan KUNDERA
Gallimard, Folio