On lit ou on écrit de la poésie non pas parce que c’est joli. On lit et on écrit de la poésie parce que l’on fait partie de l’humanité, et que l’humanité est faite de passions. La médecine, le commerce, le droit, l’industrie sont de nobles poursuites, et sont nécessaires pour assurer la vie. Mais la poésie, la beauté, l’amour, l’aventure, c’est en fait pour cela qu’on vit. Pour citer Whitman : « Ô moi ! Ô la vie ! Tant de questions qui m’assaillent sans cesse, ces interminables cortèges d’incroyants, ces cités peuplées de sots. Qu’y a-t-il de bon en cela ? Ô moi ! Ô la vie ! ». Réponse : que tu es ici, que la vie existe, et l’identité. Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime. Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime… Quelle sera votre rime ?
Je ne sais pas quel âge j’avais lorsque j’ai vu ce film pour la première fois ; guère plus de 12 ou 13 ans, je pense. Je ne sais pas non plus combien de fois je l’ai revu depuis ; plusieurs, en tout cas. Mais je sais une chose : il m’a durablement marquée, j’ai fait mienne cette philosophie du Carpe Diem, quitte à me heurter violemment au réel. Lorsque j’ai appris la mort de Robin Williams, j’ai été profondément attristée et émue, comme beaucoup, et c’est ce film, parmi tous, que j’ai eu envie de revoir.
L’académie Welton, dans le Vermont, a tout des collèges anglais les plus renommés : discipline de fer, exigence de l’excellence, austérité et élitisme. Les parents de la bonne société y envoient leurs fils pour qu’ils y préparent leur entrée dans les plus prestigieuses universités et deviennent banquier, avocat, ou médecin.
Pas de place, ici, pour la fantaisie. Mais l’arrivée d’un nouveau professeur de littérature, John Keating, va faire souffler un petit vent de folie et soulever la poussière…
Film culte de toute une génération, Le Cercle des poètes disparus est une célébration de la vie, de l’amour, de la passion, et de la poésie qui en est l’émanation.
Plus qu’à connaître les poètes, ce que Keating apprend à ses élèves, c’est à vivre poétiquement, à penser par eux-mêmes, à oser, à savourer les mots car ils peuvent changer le monde, à vivre intensément et à refuser le conformisme qu’on veut leur imposer de force : il les révèle à eux-mêmes et leur offre la liberté.
Alors, bien sûr, il y a Neil, qui finit par se suicider parce qu’il ne peut se résoudre à renoncer à cette liberté qu’il a entrevue, et que la réalité est souvent cruelle pour ceux qui ont des rêves ; mais c’est un « suicidé de la société« , et le responsable de sa mort, ce n’est pas Keating, c’est son père, qui veut lui imposer une vie de « lente désespérance », pire que la mort.
La fin est triste, mais pas si pessimiste : certes, la fantaisie perd une bataille contre le conformisme, mais pas la guerre, car il y a Todd, qui finit par s’affirmer dans une désobéissance salutaire et entraîne avec lui ses camarades. Les graines plantées par Keating ne sont pas mortes, elles attendent juste le bon moment pour germer…
Le Cercle des poètes disparus
Peter WEIR
1989









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