Lorsque j’étais enfant, j’adorais les mariages (et à une époque, il y en a eu pas mal dans ma famille). Parce que, pour les mariages, je pouvais mettre une robe de princesse, et ça, c’était le kiff absolu.
Il y avait notamment cette robe bleue dont je me souviens parfaitement jusqu’à pouvoir en ressentir la douceur, et la sensation que j’avais en la portant.
Une longue robe bleue à volants, dans un tissu voile avec des petits plumetis blancs. Une petite bourse assortie, dans le même tissu, dans laquelle je mettais un mouchoir et un petit porte-monnaie. Une veste blanche en fausse fourrure. Des nattes dans lesquelles étaient tressés des rubans. Aux pieds, des babies vernies.
J’avais, réellement, l’impression d’être une princesse, digne et élégante, et je passais la journée à virevolter avec la prestance et l’assurance que me donnait ma tenue d’apparat.
Les autres petites filles attendaient avec impatience le soir, pour enlever leur jolie robe qui les empêchait de courir partout sans se faire disputer qu’elles allaient se salir ou déchirer leur belle tenue.
Moi non. Moi, je redoutais ce moment où je devrais me changer et m’habiller en moche. C’est-à-dire en jogging. J’avais, et j’ai toujours d’ailleurs, une horreur non dissimulée pour les joggings, qui incarnent pour moi la quintessence de la laideur : pour moi ce n’était pas une tenue confortable, c’était une tenue moche, et je ne peux pas me sentir confortable dans mes vêtements moches.
Du reste, je n’aimais pas courir et grimper partout en faisant du bruit, comme les autres enfants. Moi j’aurais voulu garder ma jolie robe et ma dignité.
Le soir venu, comme Cendrillon quand sonne minuit, je me sentais en quelque sorte dépossédée de moi-même : enlever ma robe de contes de fées, et remettre les vêtements de tous les jours. Quelle horreur !
Et j’attendais avec impatience le prochain mariage, pour être à nouveau moi-même !









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