Aucune maladie n’est comme
Le mal d’amour
La maladie d’amour
Est un mal bien à part
Car l’amour est l’astrolabe
Des secrets de Dieu
Qu’il soit d’ici ou de là-bas
L’amour au bout du compte
Nous guide vers l’autre côté
J’avais découvert Rûmî (et son bien aimé Shams de Tabriz) lorsque j’avais lu, cela commence à faire longtemps, le magnifique Soufi mon amour d’Elif Shafak. Pour autant, je n’étais pas allée chercher plus loin, jusqu’à tomber l’autre jour sur ce petit recueil qui m’a éblouie.
Il s’agit d’une sélection, faite par Leili Anvar, parmi tout ce qu’a écrit le poète persan : dans l’œuvre lyrique, on retrouve les Ghazals, ou « odes lyriques », et les quatrains. Vient ensuite le Masnavî, sa grande œuvre de 25000 distique qui raconte un chemin spirituel dans lequel l’amour est au centre, et enfin le Fîhi mâ fîhî ou Livre du dedans.
Ce qui est éblouissant dans cette œuvre où l’amour est élevé au rang de religion, c’est que même s’il s’agit d’un amour purement spirituel, Agapè, l’amour des âmes, c’est avec les mots d’éros, l’amour physique qu’il se dit, et le texte est empreint non seulement d’une sensualité débordante, celle des odeurs, des couleurs et des lumières, du goût du miel, du vin et des baisers, mais même d’érotisme, et tout cela n’est pas sans rappeler le Cantique des cantiques.
Et la manière dont il dit cet amour est bouleversante, car il sait poser les mots sur ce sentiment, la douleur de la séparation, la puissance alchimique de l’amour, le pacte des âmes, l’aimé comme manifestation théophanique, la relation d’âme à âme qui permet l’union au-delà de la séparation. Tout cela est absolument sublime, et le texte d’accompagnement permet de saisir l’essence de cette poésie.
A découvrir : cela change de la poésie dont on a l’habitude !
La religion de l’amour (lien affilié)
RÛMÎ
Textes choisis et présentés par Leili Anvar
Points seuil, 2011