Christian Dior, couturier du rêve aux Arts Décoratifs

Cela faisait une éternité que je n’étais pas allée au musée des Arts Décoratifs, musée que j’aime pourtant beaucoup. Mais une rétrospective Christian Dior, je ne pouvais pas décemment louper ça. Cela dit, j’ai bien failli : j’ai eu la flemme d’aller à l’avant-première presse (alors que pour une fois j’étais disponible) et fin août, lorsque j’ai voulu m’y pointer comme une fleur, j’ai renoncé à cause de la file d’attente, laissant augurer des conditions de visite peu propices à la rêverie et à l’émerveillement.

L’autre jour, je me suis organisée, j’avais prévu le billet coupe-file, et après avoir laissé mon iPhone chez le docteur (ce qui explique l’absence de photos) j’y suis allée à l’ouverture. Ce qui n’a pas empêché d’ailleurs que j’attende un bout de temps.

Cette année marque les 70 ans de la création de la maison Christian Dior, et le musée des Arts décoratifs célèbre cet anniversaire par une rétrospective invitant le visiteur à découvrir l’univers de son fondateur et des couturiers qui lui ont succédé : Yves Saint Laurent, Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano, Raf Simons, Maria Grazia Chiuri.

Mettant l’accent sur l’émotion et l’inspiration, l’exposition, qui présente plus de 300 robes de haute couture datant de 1947 à nos jours ainsi que toiles d’atelier, photographies de mode, illustrations, croquis, manuscrits, documents publicitaires, objets de mode, montre aussi comment Christian Dior fut un amoureux de l’art et des musées et établit un dialogue avec tableaux, meubles et objets d’art.

Une exposition qui mérite son succès vertigineux, même s’il lui nuit un peu (je n’ai pas pu bien profiter du premier étage à cause de la foule dense) : la scénographie, particulièrement réussie, variée, donne vie à l’ensemble. On se promène ici de merveille en merveille, les couleurs chatoient, et on a véritablement l’impression de plonger au cœur de l’univers magique du couturier. Une très très belle expérience à ne pas manquer !

Christian Dior, couturier du rêve
Musée des Arts décoratifs
107 rue de Rivoli
Jusqu’au 7 janvier 2018

Et Dior créa la femme, de Francis Huster

Ce chemin initiatique qui l’a mené à la gloire, Christian Dior l’a suivi jusqu’au bout. Avec un courage, une volonté et une lucidité exemplaires. De superbes livres avec des photos plus sublimes les unes que les autres ont été écrits sur lui. Des biographies fouillées et respectueuses ont aussi été publiées. Et je ne prétends pas écrire à mon tour sur lui mais bien pour lui. Pour lui dire en ce roman songe pourquoi il est l’un des hommes remarquables qui font l’honneur et la gloire de la France.

Vous me connaissez, je ne résiste pas aux ouvrages qui parlent de mode, en particulier lorsqu’il s’agit de Coco Chanel, d’Yves Saint-Laurent ou… de Christian Dior, dont j’ai toujours admiré la manière de mettre la féminité en valeur. Il faut dire aussi que, c’est un signe, ayant les mêmes initiales que lui, mon monogramme est le même que le sien, ce qui, on est bien d’accord, est le chic ultime.

Comme j’aime aussi beaucoup Francis Huster, cet ouvrage ne pouvait pas décemment m’échapper.

Difficile de le résumer. Il ne s’agit pas d’une biographie, mais d’un portrait, consacré largement aux dernières années de la vie du créateur, et au cours duquel l’auteur, tout en faisant l’éloge du génie, fait aussi son propre portrait.

Il y a dans ce livre des pages lumineuses sur la création, le génie qui a su mieux que personne sublimer la Femme, sur la sensualité qui se dégage de ses robes, mais aussi sur l’homme, fragile et plein de failles, mais déterminé à prendre son destin en main.

Il y a beaucoup d’amour, pour Christian Dior, mais aussi pour la féminité, celle qui s’assume. La couture est ici vue comme un art, Huster tisse de nombreux parallèles avec la littérature et le théâtre, Dior devenant alors tour à tour le Racine, le La Fontaine et le Jouvet de la mode.

Il y a donc ici de très belles choses, très touchantes, dans une progression rhizomatique et non chronologique.

L’idée centrale est celle des liens, des coïncidences qui relient le destin de Huster et celui de Dior (ou l’inverse) : des dates, des lieux, des gens — l’idée est jolie.

Malgré tout, c’est parfois, malheureusement, un peu tiré par les cheveux et artificiel, et c’est à mon sens le défaut de ce qui aurait pu être un magnifique livre, qui du coup n’est que très bon (ce qui est déjà pas mal) : Huster, notamment au début, nous parle un peu trop de lui, de ses souvenirs d’enfance, de sa maman couturière, de son copain Patrick Dewaere, mais de manière pas tout à fait assumée, puisqu’il le fait sous couvert de parler du couturier. L’ensemble manque parfois d’équilibre, de cohérence, et finit un peu par tourner en rond.

Néanmoins, malgré ces défauts, je le recommande chaudement à ceux et celles qui ont envie de rêver poétiquement sur le destin et les création de celui qui reste sans aucun doute l’un des plus grands maîtres de la Haute Couture !

Et Dior créa la femme (lien affilié)
Francis HUSTER
Cherche-Midi, 2012