Tout cela n’a rien à voir avec moi, de Monica Sabolo

Dans cette première partie nous étudierons le phénomène de l’aveuglement amoureux. Nous verrons de quelle façon l’individu se voit frappé de cette pathologie implacable, alors même qu’il avance, ingénu et confiant dans la vie. Il est scientifiquement notable, pour ne pas dire émouvant, de relever les éléments précurseurs de la catastrophe, ces signes intrinsèques qui scintillent comme autant d’avertissements écrits en lettres de feu et que l’individu traverse, primesautier, avec le sourire innocent d’un enfant qu’on mène à l’autel sacrificiel.

Le sentiment amoureux nous mène parfois aux limites de la folie, voire nous les fait allègrement dépasser. Ce texte en est la preuve, si besoin était.

Objet littéraire d’un genre nouveau, mêlant récit, photographies de pièces à conviction, extraits de mails et de romans, articles, plans et listes, Tout cela n’a rien à voir avec moi se propose comme l’autopsie cathartique d’une obsession amoureuse, mais aussi, finalement, de soi.

MS tombe amoureuse d’un de ses collègues, et malgré les signes que cette histoire n’a pas d’avenir, elle s’entête et collectionne les reliques de leur relation, tout en cherchant ce qui, dans son histoire familiale, a pu engendrer ce chaos…

Cathartique pour l’auteur, parce que l’écriture sauve, ce roman l’est aussi pour le lecteur, ou la lectrice qui a vécu peu ou prou la même chose : il est toujours rassurant de ne pas être seul dans sa folie, dans ses délires, dans ses excès.

Qui n’a jamais conservé comme un objet sacré le briquet de l’être aimé voire le mégot d’une cigarette qu’il a fumée ? Fréquenté compulsivement sa page Facebook tout en s’inquiétant de la possibilité qu’il le sache ? Fait des listes ? Je plaide coupable en tout cas, même si en la matière, je me trouve petite joueuse à côté de Monica Sabolo.

Mais s’il n’y avait que ça… ce que j’ai trouvé admirable dans ce roman, c’est aussi cette manière dont l’amour met à nu, nous pousse dans nos retranchements et nous invite à creuser en nous. Parce que, si nous sommes comme cela vulnérables et capables des pires folies, c’est peut-être que notre histoire nous a rendu tels.

Il n’est donc pas ici seulement d’un chagrin d’amour. Il est aussi question de la quête de soi qu’une telle tragédie engendre.

Ce roman m’a littéralement illuminée, parce qu’il a mis des mots sur mes maux mais aussi parce qu’il m’a poussée à allumer la lumière à l’intérieur de mon âme, parce qu’il a résonné en moi, et n’a pas été sans me rappeler les Fragments d’un discours amoureux.

Tout cela n’a rien à voir avec moi (lien affilié)
Monica SABOLO
Lattès, 2013 – Prix de Flore 2013

15 commentaires

  1. mokamilla dit :

    ça n’a pas du tout été le coup de cœur attendu pour moi. Si la forme est originale, le contenu m’a rarement touchée. Et pourtant ce roman avait tout pour me plaire.
    Le texte de Barthes me tente en revanche…

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    1. irreguliere dit :

      Le texte de Barthes est une Bible !

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  2. Marion dit :

    Je suis vraiment ravie que tu aies aimé autant que moi 🙂

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  3. Oh, ça a l’air très original !

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    1. irreguliere dit :

      Oui, c’est vraiment une forme nouvelle !

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  4. ohoceane dit :

    C’est intéressant comme point de vue, c’est très joli ce que tu en dis 🙂

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    1. irreguliere dit :

      c’est un très joli texte qui parlera à beaucoup !

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  5. lorouge dit :

    Une forme originale (d’ailleurs bravo pour ta photo, vraiment bien trouvé) mais j’ai peur que ça manque un peu trop de consistance pour moi…

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    1. irreguliere dit :

      Il y a des analyses intéressantes !

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  6. La forme a l’air effectivement très intéressante, je note.

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    1. irreguliere dit :

      Oui, la forme est originale !

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  7. geraldinecoupsdecoeur dit :

    Bien tentée par cet objet littéraire pour son aspect nouveau entre autre !

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    1. irreguliere dit :

      Et puis c’est court !

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