Danse et érotisme, de Philippe Verrièle : la muse de la mauvaise réputation

Danse et érotisme, de Philippe Verrièle : la muse de la mauvaise réputation

Mais mettre le corps sexué en évidence ne signifie pas érotisme. Parce que l’imaginaire collectif fait de la ballerine un fétiche et de la danse l’antichambre de la prostitution la plus sophistiquée, parce que les jeux de séduction s’entendent dansés, parce que l’exotisme, de la danse du ventre, à celle des geishas, de transe rituelle en cérémonie de fécondité, suscite le fantasme, la danse suppose le sexe… Mais ceci reste bien confus et à ne pas distinguer la pulsion intime de danse, des pratiques sociales et de l’œuvre voulue par un artiste et créée par la danse, empêche de mesurer la place que tient l’érotisme dans l’art chorégraphique. A en confondre toutes les occurrences liées à la danse, l’érotisme chorégraphique s’émousse et il devient difficile de parler de cabaret, de strip-tease ou de Béjart, de comparer le tango et le ballet académique. Tout cela se confond dans un vaste fantasme de « danse par essence érotique »…

Ayant consacré mon mémoire de DEA au mythe de Salomé (qui a donné son nom à l’héroïne de mes nouvelles) et une partie de ma thèse aux danseuses égyptiennes, j’étais particulièrement intéressée par le sujet de cet essai.

Dans ce livre, initialement paru en 2006 et ici revu et corrigé, Philippe Verrièle, critique de danse, souhaite donc interroger les liens entre la danse et l’érotisme. Si ce lien est évident dans l’imaginaire collectif, le fait est qu’il n’y a pas de véritable corpus de ballets érotiques, et que la danse traite donc peu de ce sujet. Les liens entre danse et érotisme sont donc beaucoup plus complexes qu’il n’y paraît, et c’est ce qui est envisagé au fil de cet essai.

J’avoue que cet essai n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais, et que les premiers chapitres m’ont un peu laissée de côté, car ils s’adressent plutôt à des gens qui connaissent bien la danse comme spectacle, les chorégraphes, les œuvres, ce qui n’est pas mon cas. D’autres chapitres au contraire m’ont beaucoup intéressée, et sur la question de l’érotisme en soi j’ai trouvé les réflexions passionnantes, et beaucoup de sujets à creuser, notamment sur la reconquête du champ érotique par les femmes, qui est justement l’objet d’une communication que je dois écrire pour un colloque en septembre.

Bref : un essai assez curieux, qui m’a inégalement intéressée pour être honnête, mais qui mérite qu’on y jette un œil, car le travail de recherche est sérieux et bien mené, et qu’on apprend des choses.

Danse et érotisme. La muse de la mauvaise réputation
Philippe VERRIELE
La Musardine, 2006/2021

Chez Stephie

3 commentaires

  1. Harry dit :

    Je crois surtout, pour avoir été également longtemps modèle, que cet art est surtout un expression de la sensualité.

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