Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde, Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde

Le ballet des oiseaux dans l'or du soir qui tombe

Pour ce premier Instant Poétique de 2023, j’avais envie de Baudelaire. C’est mon poète préféré, et je ne l’ai que peu utilisé dans L’Oracle des poètes, sinon cela devenait l’Oracle de Charles Baudelaire (ce qui aurait pu être bien aussi, remarquez). Donc, aujourd’hui je partage avec vous ce très beau « Elévation », sur lequel je suis tombée en lisant un essai dont je vous parlerai bientôt, et qui nous montre combien nous avons besoin de l’art pour nous évader du quotidien pesant, pour nous envoler vers l’infini.

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde,
Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde

Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;
Va te purifier dans l’air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins 
;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
– Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !

Charles Baudelaire , Les Fleurs du Mal

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