Travail de l’ombre, peurs, colères et ours bruns

Il y a quelque temps, prise d’une impulsion subite, je me suis dit que le moment était venu pour moi de retravailler avec Clarissa Pinkola-Estes, car Femmes qui courent avec les loups avait encore, de manière certaine, des choses à m’apprendre.

Des choses que j’avais survolées, et qu’il fallait que je creuse.

Des choses auxquelles je n’avais pas du tout fait attention, parce que le moment n’était pas encore venu.

Le relire, mais autrement : cette fois, je ne lis pas les chapitres de manière linéaire, et je ne les relis pas tous. Je pioche au fur et à mesure de mes impulsions. J’ai bien sûr commencé par le conte du vilain petit canard. Puis celui sur l’amour, et la femme squelette. J’ai laissé décanter quelques semaines.

Et puis, j’ai voulu, encore une fois, travailler sur ces deux émotions qui me fatiguent à un point indicible : la colère, et la peur. C’est comme ça que je me suis retrouvée face à Lilith. Travailler sur la lune noire, c’est ce que Jung appelle le Shadow Work, le travail de l’ombre : reconnaître cette part de nous-mêmes que nous nous refusons, a priori, de voir en nous et que, par effet miroir, nous rejetons chez les autres. Travailler son ombre, c’est donc, lorsqu’une émotion vient nous titiller, creuser pour savoir d’où elle vient.

La peur et la colère, donc.

Avec le temps, bien sûr, je les ai identifiées : ma peur alpha, ma peur d’être mise en cage, d’être captive. Qui, forcément, en ce moment, est démultipliée. Et son corollaire, la colère, lorsque je me sens piégée. C’est-à-dire, tous les jours. Le pire, c’est que j’ai l’impression que tout le monde conspire (et en particulier une personne, que j’aime absolument de toute mon âme, et je sais que c’est son rôle dans ma vie, mais tout de même, il me challenge) à réactiver cette peur/colère, et pas seulement le gouvernement et les médecins.

Toute phrase qui commence par « tu devrais… », « je ne comprends pas pourquoi tu… », « à ta place je… » est susceptible de me donner envie de fuir et/ou me mettre en colère.

Heureusement, avec le temps, je ne me laisse plus submerger ni par l’une, ni par l’autre : j’ai appris à les voir, à les reconnaître, les écouter, mais ne pas leur donner les commandes (en tout cas pas toujours). Je ne fais plus de crise d’angoisse ou de colère lorsque je me sens prise au piège (cela dit, j’évite de prendre les transports en commun avec le masque : deux trucs qui m’oppressent en même temps, ça ne serait pas gérable).

Il n’empêche, elles sont toujours là et le seront toujours, j’imagine : ma valeur primordiale, c’est la liberté, et ça le sera toujours. Libre de faire les choix que j’estime justes pour moi. Je pense donc que je ne supporterai jamais que l’on me dise ce que je dois faire alors que je n’ai pas sollicité de conseil, ou qu’on se mêle de ma vie.

Clarissa Pinkola-Estes consacre deux chapitres à ce problème qui m’occupe.

Le premier, « les souliers rouges« , est une histoire de captivité, et de prendre sa liberté :

Quand la collectivité est hostile à la vie naturelle d’une femme, celle-ci doit, au lieu d’accepter les étiquettes qu’on lui colle, s’accrocher, comme un vilain petit canard, et chercher sa véritable appartenance.

Et puis, sur la colère, parfois salutaire mais à laquelle il faut aussi savoir mettre des limites, elle raconte une histoire d’ours que l’on apprivoise. Ce qui est amusant c’est que, depuis des mois, l’Univers m’envoie des ours. Chaque jour je tombe sur un voire plusieurs ours, dans toutes les situations possibles et imaginables voire totalement incongrues.

Cette synchronicité est liée à une personne très précise de ma vie et c’est moi (nous ?) qui l’ai en quelque sorte créée, comme c’est souvent le cas avec les synchronicités. Mais elle a aussi un sens plus profond.

L’ours est un animal richement symbolique. Il représente la force brute et guerrière, à apprivoiser. C’est un animal libre, qui comme moi n’aime pas trop qu’on vienne empiéter sur son territoire, et gare alors à sa colère.

Mais il représente surtout… le travail de l’ombre, celui qui se fait lors des saisons intérieures où il hiberne, meurt symboliquement et se transforme, avant de renaître au printemps.

D’ailleurs, son mode de reproduction est intéressant : les ours batifolent au printemps, mais le processus de la gestation est bloqué immédiatement pour ne reprendre que plusieurs mois plus tard, vers novembre, après l’entrée en hibernation. Et les petits oursons naissent au mois de janvier février. C’est ce qu’on appelle une gestation à nidation différée.

Bref, donc, on en revient toujours à l’ours, et à ce travail de l’ombre qui, rassurez-vous (ou non), n’est en fait jamais terminé. Et comme l’Univers est un petit rigolo, aujourd’hui que j’écris cet article, je suis tombée sur deux citations de Paulo Coelho dans un magazine, qui font comme des clins d’oeil :

C’était cela la liberté : sentir ce que son cœur désirait, indépendamment de l’opinion des autres et la liberté n’est pas l’absence d’engagement mais la capacité de choisir.

Je vous laisse méditer là-dessus…

13 réponses à « Travail de l’ombre, peurs, colères et ours bruns »

  1. Avatar de Le voyage du héros, de Stephen Gilligan et Robert Dilts : un éveil à soi-même avec le coaching génératif – Cultur'elle

    […] donc de très bonnes pistes et outils. Je l’ai trouvé notamment très intéressant sur le travail de l’ombre, car les auteurs proposent une autre manière de traiter les choses : le parrainage, qui consiste […]

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  2. Avatar de S’il te plaît… apprivoise-moi ! – Cultur'elle

    […] moment, c’est mon challenge dans la vie : me laisser apprivoiser. Je suis une sauvageonne. Un ours. J’ai du mal à faire confiance. J’ai raconté pourquoi. Le fait est : je bavarde […]

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  3. Avatar de Toi la sœur que je n’ai jamais eue… – Cultur'elle

    […] Claude Imbert et ceux de Alfred et Bettina Austermann (leur livre sur le sujet comporte… deux ours !). J’ai aussi consulté mon médium sur le sujet (c’est le genre de sujets sur […]

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  4. Avatar de Les livres de ma vie… #1 – Cultur'elle

    […] entouré de ceux qu’on aime, et aujourd’hui j’y vois aussi… un ours) que pour ce qu’il symbolise : c’est ma maîtresse de CP qui me l’avait offert, […]

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  5. Avatar de Etre en colère contre soi-même (et se pardonner) – Cultur'elle

    […] beaucoup écrit sur la colère. Parce que c’est une émotion qui ne cesse de me traverser. Chaque jour. J’ai […]

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  6. Avatar de L’effet miroir et les personnages de roman – Cultur'elle

    […] psychologie des profondeurs et en travail de l’ombre, l’effet miroir correspond à ce que nous ne voyons pas chez nous, ne voulons pas voir, mais […]

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  7. Avatar de Comment l’Univers m’a offert un pot de chrysanthèmes, saison du Scorpion, Samhain et libérations énergétiques – Caroline Doudet

    […] commençons par le commencement : le travail de l’ombre. J’en ai parlé un grand nombre de fois, et cela fait des mois et des mois que je nage en […]

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  8. Avatar de Le voyage du héros, de Stephen Gilligan et Robert Dilts : un éveil à soi-même avec le coaching génératif – Caroline Doudet

    […] donc de très bonnes pistes et outils. Je l’ai trouvé notamment très intéressant sur le travail de l’ombre, car les auteurs proposent une autre manière de traiter les choses : le parrainage, qui consiste […]

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    […] ce moment, c’est mon challenge dans la vie : me laisser apprivoiser. Je suis une sauvageonne. Un ours. J’ai du mal à faire confiance. J’ai raconté […]

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  10. Avatar de Etre en colère contre soi-même (et se pardonner) – Caroline Doudet

    […] beaucoup écrit sur la colère. Parce que c’est une émotion qui ne cesse de me traverser. Chaque jour. J’ai […]

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    […] psychologie des profondeurs et en travail de l’ombre, l’effet miroir correspond à ce que nous ne voyons pas chez nous, ne voulons pas voir, mais […]

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  12. Avatar de L’Hermite, figure de l’écrivain – Caroline Doudet

    […] Il montre le chemin, comme un mentor. Il représente la sagesse, l’introspection et même le travail de l’ombre : il permet de prendre conscience d’un fait […]

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  13. Avatar de Croire aux fauves, de Nastassja Martin – Caroline Doudet

    […] ours en bois au milieu du chemin. A une époque, j’avais documenté ce qui se trouve être une synchronicité en story à la une sur Instagram. J’ai arrêté, mais je reste toujours aux aguets, même si […]

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